Les évêques de la ville sainte de Lourdes ont prié à genoux dans un geste de pénitence pour demander à Dieu le pardon des abus sexuels commis dans l’église catholique.

Il y a un mois, une commission indépendante a publié des conclusions détaillant environ 3 000 prédateurs parmi le clergé qui ont abusé sexuellement de 216 000 mineurs entre 1950 et 2020.

“Ce matin, nous n’avons pas demandé le pardon aux victimes, cela relève davantage de la relation interpersonnelle entre l’évêque et la victime”, a déclaré samedi Mgr François Touvet, évêque de Chalons.

“Nous ne pouvons pas demander le pardon à des personnes qui ne sont pas encore capables de le donner”.

Le rapport de la commission a constaté que la “grande majorité” des victimes étaient des garçons pré-adolescents issus de milieux sociaux divers.

Elle a décrit les abus comme un “phénomène massif” qui a été couvert pendant des décennies par un “voile de silence”.

Mardi, les 120 évêques catholiques de France ont entamé leur conférence annuelle au cours de laquelle ils digéreront le rapport.

Ils ont consacré près de la moitié de leur réunion d’une semaine à “la lutte contre les violences et les agressions sexuelles à l’égard des mineurs”, selon l’ordre du jour publié.

Certaines victimes ont été invitées à se joindre à la réunion, mais beaucoup ont refusé, dénonçant la décision de faire du scandale des abus sexuels un sujet parmi d’autres – plutôt que le seul sujet à l’ordre du jour.

Le rassemblement a lieu à Lourdes – considéré par l’église catholique comme un lieu saint et l’une des principales destinations de pèlerinage dans le monde.

Avant la conférence, les évêques ont déclaré qu’ils examineraient la question de la responsabilité institutionnelle de l’église dans les abus massifs, ainsi qu’un mécanisme d’indemnisation des victimes.

L’archevêque Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF) qui a co-demandé le rapport, a exprimé sa “honte et son horreur” face aux conclusions, tandis que le Pape François a déclaré qu’il ressentait “une grande tristesse”.

Jean-Luc Souveton, un prêtre qui a été abusé sexuellement, a déclaré qu’il assisterait à la fois à une session plénière et à une session spéciale consacrée aux abus, dans l’espoir de faire comprendre aux évêques pourquoi il n’y a pas eu plus de victimes.

“Je ne représente pas ceux qui restent à l’écart, mais je veux faire sentir leur présence, ne serait-ce que pour dire pourquoi ils ne sont pas venus”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Dans son rapport du mois dernier, la commission indépendante a recommandé que l’église accepte la responsabilité civile et sociale des abus, indépendamment de la responsabilité individuelle des abuseurs.

Elle a également déclaré que la compensation financière devrait être calculée pour chaque cas individuel en fonction de la gravité des abus subis, au lieu d’effectuer des paiements forfaitaires.

L’argent devrait être prélevé sur les biens personnels des agresseurs ou sur ceux de l’église, a-t-il ajouté, recommandant de ne pas faire appel aux dons des fidèles catholiques.