Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré que le pays était prêt à discuter de l'”autonomie” de la Corse après de violents affrontements.
Darmanin est arrivé sur l’île méditerranéenne mercredi dans le but de rétablir le calme après plusieurs jours d’émeutes.
Des manifestants ont affronté des policiers pendant plusieurs jours après l’agression d’une figure indépendantiste dans une prison française.
Darmanin rencontrera les élus de Corse et a promis un “cycle de discussions sans précédent” pour résoudre le problème.
“Nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie – voilà, le mot a été prononcé”, avait-il auparavant déclaré dans une interview à Corse Matin.
Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de Corse, a salué l’offre mais estime que les propos de Darmanin doivent être “suivis d’effet et concrétisés”.
La colère de la Corse a éclaté après l’agression d’un meurtrier condamné et indépendantiste, Yvan Colonna, dans une prison française du continent à Arles.
Colonna — qui purge une peine de prison à vie pour le meurtre du préfet français Claude Érignac en 1998 — est resté dans le coma après avoir été agressé par un autre prisonnier.
Les étudiants, les organisations nationalistes et les syndicats de Corse ont accusé l’État d’être responsable. Colonna a longtemps demandé à être transféré dans une prison en Corse.
La France a supprimé le statut de “détenu particulièrement préoccupant” (DPS) du prisonnier, mais cette mesure n’a pas réussi à apaiser les protestataires.
Un total de 102 personnes — dont 77 policiers — ont été blessées lors de violents affrontements dimanche dans la ville de Bastia.
Mercredi, plusieurs bâtiments publics ont été occupés par des manifestants, certains portant des slogans anti-gouvernementaux.
Darmanin a reconnu qu’il y a une “part de responsabilité de l’Etat” dans l’attaque de Colonna, mais dit que la critique des manifestants a été “excessive”.
La décision de relâcher le contrôle historique de la France sur la Corse – une île d’environ 330.000 habitants – serait sans précédent.
Les responsables de la Corse ont souligné l’exemple réussi des Açores, qui conservent leur autonomie vis-à-vis du Portugal.
Mais les militants indépendantistes ont demandé à la France de permettre à la Corse d’avoir plus de contrôle sur sa fiscalité, son emploi et sa langue.
“La seule autonomie qui vaille est celle qui accorde un pouvoir législatif. [in] aux domaines vitaux”, a déclaré Josepha Giacometti, le seul membre indépendantiste de l’assemblée corse.
La décision d’offrir à la Corse une “autonomie” est également susceptible d’avoir une incidence sur l’élection présidentielle française, à moins d’un mois du premier tour du scrutin.
Le candidat écologiste à la présidence Yannick Jadot a déclaré mercredi qu’il était en faveur d’une “autonomie complète” pour la Corse, tandis que la candidate du Rassemblement national d’extrême droite Marine Le Pen a déclaré que l’île “doit rester française”.