Jean-Philippe Rio-Py a grandi dans une secte dans l’ouest de la France, mais est devenu depuis un pianiste célèbre qui figure au hit-parade de la musique classique aux États-Unis.
D’une secte française violente à la vie dans les rues de Los Angeles jusqu’au sommet des hit-parades, l’incroyable parcours du pianiste Riopy est l’exemple même de l’idée que la musique peut vous sauver la vie.
Le pianiste de 38 ans – de son vrai nom Jean-Philippe Rio-Py – a écrit la musique des films primés “La forme de l’eau” et “La fille danoise”, a passé trois semaines au sommet du hit-parade classique américain le mois dernier et est écouté par des millions de personnes dans le monde entier via des applications de méditation et de yoga.
Mais la route vers le succès a été difficile, digne d’un film fantastique.
“J’ai eu de la malchance qui s’est transformée en opportunité”, a-t-il déclaré à l’AFP à Paris.
C’est un euphémisme.
La “malchance” était une secte dans les Deux-Sèvres, dans l’ouest de la France, où il a été élevé par sa mère avec deux frères et deux sœurs.
Il a subi des coups et d’autres formes de tourments psychologiques qui ont laissé des traces sous la forme d’un trouble obsessionnel compulsif et d’une dépression chronique.
Le gourou qui dirigeait la secte a interdit toute musique et télévision mais le jeune Riopy a trouvé un piano abandonné et a pu apprendre à en jouer tout seul.
“Dire que la musique m’a sauvé est un cliché, mais c’est vrai”, a-t-il déclaré à l’AFP.
“Ils me mettaient sur une chaise et me disaient : ‘Ne bouge pas’. Cela durait des heures et des heures. J’aimais inventer des rythmes dans ma tête que je transférais ensuite sur le clavier.”
Le cauchemar continue
Aujourd’hui, Riopy n’aime pas discuter des détails de la secte, mais il a fui la maison à 18 ans et n’a eu aucun contact avec sa mère pendant les 17 années suivantes.
Il s’est retrouvé à vivre à la dure à Paris avant de partir pour Los Angeles – à la poursuite du rêve américain, comme il le disait.
“Mais le cauchemar a continué. Je nettoyais les toilettes en échange d’un lit. Je me suis retrouvé dans la rue. Un prêtre a essayé de me violer.”
Renonçant aux États-Unis, il s’est finalement retrouvé à Reading, une ville située à l’extérieur de la capitale britannique, et c’est là que sa chance a finalement commencé à tourner.
Quelqu’un l’a entendu jouer dans un magasin de piano et lui a proposé de payer ses études dans un cours de musique contemporaine à Oxford.
De là, il s’installe à Londres et commence à jouer dans des piano-bars.
“Ma musique était si cinématographique qu’elle fonctionnait bien dans les pubs”, se souvient-il.
Un producteur de films britannique, Nick Saunders, a entendu sa musique en ligne et lui a proposé de devenir son agent.
Rapidement, il joue dans les salles les plus huppées de la ville et décroche des contrats publicitaires pour des entreprises comme IKEA et Samsung, ainsi qu’un spot Armani qui a été visionné plus de 10 millions de fois sur YouTube.
La boucle est bouclée de façon surréaliste lorsqu’il est invité à jouer lors d’un dîner organisé par Vanity Fair et qu’il rencontre Chris Martin, le chanteur de Coldplay.
Impressionné par son jeu, Martin lui a proposé d’acheter son propre piano – un moment qui a eu une résonance particulière pour Riopy.
“Quand j’avais 18 ans, avant d’aller à Los Angeles, j’étais dans les rues de Paris, dans la neige. Je pleurais et j’écoutais l’album ‘Parachutes’ de Coldplay”, raconte-t-il.
Retour au bord du gouffre
Bien que sa vie semble avoir pris un incroyable tournant de bonne fortune, Riopy reste paralysé par les démons de son passé.
“J’étais suicidaire. Je l’ai noyé dans l’alcool et la drogue”, se souvient-il.
Le yoga et la méditation l’ont aidé à sortir du gouffre et sa carrière a continué à s’épanouir.
Il a sorti un trio d’albums à succès depuis 2018 et a trouvé un grand succès en tant que compositeur pour des films.
Ses humeurs plus sombres sont davantage sous contrôle et il dit pouvoir enfin profiter de la vie.
“J’ai la chance de vivre de ma musique, d’avoir une femme que j’aime et deux petits bébés, et de pouvoir partager ma musique avec un très grand nombre de personnes”, a-t-il déclaré.
