Le front de feu actif de 40 kilomètres dans les départements de la Gironde et des Landes autour de Bordeaux “ne s’est pas développé, mais les conditions météorologiques nous poussent à une extrême vigilance”, a déclaré à la presse le sous-préfet Ronan Leaustic.
Les températures ont atteint 39°C dans la zone d’incendie, comme la veille.
Aucune nouvelle évacuation n’a été ordonnée en plus des 10 000 personnes déjà priées de partir, a ajouté M. Leaustic.
Mais “les températures continuent d’augmenter et la nappe phréatique continue de baisser”, a-t-il ajouté.
Les membres de l’UE, dont l’Allemagne, la Pologne, l’Autriche et la Roumanie, ont promis des renforts totalisant 361 pompiers pour rejoindre les quelque 1 100 pompiers français sur le terrain, ainsi que plusieurs avions bombardiers d’eau de la flotte de l’Union européenne.
Vous aider les gars
La plupart des nouveaux arrivants sont entrés en action vendredi.
“Peu importe le pays dans lequel nous nous trouvons, nous sommes des pompiers, nous sommes capables d’aider les gens dans le monde entier”, a déclaré Cristian Buhaianu, qui commande un contingent de 77 pompiers de Roumanie.
Sur la base aérienne de Mérignac, près de la ville de Bordeaux (sud-ouest), où sont stationnés des avions Canadair et d’autres avions de lutte contre les incendies, un pilote grec a déclaré que les scènes de dévastation comme celles observées en France étaient monnaie courante dans son pays.
“Nous voyons cela chaque année en Grèce, et en ce moment nous le voyons en France”, a déclaré à l’AFP le pilote, Anastasis Sariouglou, 36 ans. “Nous avons le sentiment de vous aider et c’est agréable”.
Dans la zone durement touchée autour du village d’Hostens, l’épaisse fumée observée jeudi a laissé place à un ciel bleu et à des nuages occasionnels.
La France a été secouée cet été par une sécheresse historique qui a imposé des restrictions d’utilisation de l’eau dans tout le pays, ainsi que par une série de canicules qui, selon les experts, sont dues au changement climatique.
L’incendie près de Bordeaux a éclaté en juillet – le mois le plus sec observé en France depuis 1961 – détruisant 14 000 hectares et forçant des milliers de personnes à évacuer avant qu’il ne soit contenu.
Mais le feu a continué à couver dans les forêts de pins et les sols riches en tourbe.
Les autorités soupçonnent un incendie criminel d’avoir joué un rôle dans la dernière flambée, qui a brûlé 7 400 hectares depuis mardi.
Forcé de s’adapter
Les incendies de 2022 ont ravagé une superficie trois fois supérieure à la moyenne annuelle au cours des 10 dernières années, avec des brasiers également actifs dans le Jura alpin, l’Isère et l’Ardèche cette semaine.
L’incendie de l’Ardèche “est loin d’être sous contrôle, car le site est très difficile à atteindre”, a déclaré Jean Jaussaud, un commandant des services d’urgence locaux.
Les données du satellite européen Copernicus ont montré que les feux de forêt de 2022 en France ont libéré plus de dioxyde de carbone – plus d’un million de tonnes – qu’aucun autre été depuis le début des relevés en 2003.
Vendredi, 19 départements étaient encore au plus haut niveau d’alerte orange à la chaleur fixé par Météo-France.
L’été de cette année a ressemblé aux prévisions d'”un été moyen au milieu du siècle” selon des scénarios pessimistes de changement climatique, a déclaré à l’AFP Jean-Michel Soubeyroux, expert de Météo-France.
Les températures ont été “sans précédent”, a déclaré le viticulteur Maurin Berenger, du département du Lot (sud-ouest).
“Nous avons été obligés de nous adapter, nous travaillons dès très tôt le matin, voire la nuit. J’ai commencé à 3h du matin cette nuit, et les gens qui ont des ouvriers agricoles commencent à 6h pour éviter la chaleur”.
Caroline Dubois, 72 ans, retraitée à Paris, a déclaré qu’elle “laissait toutes les fenêtres de l’appartement ouvertes pour qu’il y ait de la brise”.
Les prévisions météorologiques suggèrent que la troisième vague de chaleur de l’année en France sera interrompue par des orages ce week-end.
