Où en France les pesticides dans l'eau potable suscitent-ils des inquiétudes ?

(Photo : Lionel Bonaventure / AFP)

Données provenant des agences régionales de santé, et rassemblées par le ministère de la Santé. Le MondeLe Mondea constaté que l’approvisionnement d’environ 20 % de la population, contre 5,9 % l’année précédente, ne répondait pas systématiquement aux normes de qualité régionales.

L’étude a mis en évidence des différences régionales dans la qualité de l’eau du robinet. L’eau des Hauts-de-France était la plus susceptible d’être affectée, 65 % de la population y buvant une eau contaminée par des niveaux inacceptables de pesticides. En Bretagne, ce taux tombe à 43 %, 25,5 % dans le Grand-Est et 25 % dans les Pays de la Loire.

L’Occitanie, dans le sud-ouest de la France, présente quant à elle le plus faible niveau de non-conformité aux normes, avec seulement 5,1 % de la population de la région affectée par des niveaux élevés de pesticides dans l’eau du robinet. Toutefois, les chiffres montrent que 71 % des habitants d’un département de la région, le Gers, ont été approvisionnés en eau contenant des niveaux élevés de pesticides.

Les divergences régionales en matière de tests, notamment en ce qui concerne les produits chimiques recherchés, signifient que les résultats et les normes ne sont pas uniformes dans toute la France. L’eau du robinet en Haute-Corse est testée pour 24 molécules de pesticides ; dans les Hauts-de-Seine, ce chiffre s’élève à 477.

Les normes d’analyse régionales s’expliquent notamment par les différences entre les exigences agricoles locales.

Une partie de l’augmentation du nombre de foyers approvisionnés en eau contaminée d’une année sur l’autre peut également s’expliquer par le fait que, dans de nombreuses régions, les tests visent désormais à détecter un plus grand nombre de molécules, Le Monde noté.

Les normes de qualité de l’eau en France sont strictes – avec une limite pour les résidus de pesticides fixée à 0,1 microgramme par litre, de sorte que les niveaux “élevés” trouvés dans l’eau du robinet peuvent ne pas représenter un danger pour la santé.

La question du niveau de risque pour la santé humaine reste donc floue. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) n’a pas défini de niveau maximal de sécurité pour 23 pesticides ou leurs métabolites. Le Monde cite deux métabolites de la chloridazone, un herbicide utilisé jusqu’en 2020 sur les champs de betteraves, pour lesquels seuls des niveaux de sécurité provisoires dans l’eau du robinet ont été fixés.

Beaucoup de ces molécules et leurs effets à long terme restent inconnus – et “les effets sanitaires à long terme de l’exposition à de faibles doses de pesticides sont difficiles à évaluer”, admet le ministère de la Santé.

Michel Laforcade, ancien directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine a déclaré au Monde que les autorités sanitaires ont “échoué” sur ce sujet.

“Un jour, il faudra rendre des comptes”, a-t-il déclaré. “Ce ne sera peut-être pas de la même ampleur que l’affaire du sang contaminé, mais cela pourrait devenir le prochain scandale de santé publique”.

En décembre 2020, la Direction générale de la santé (DGS) a recommandé de “restreindre les usages de l’eau” dès que le seuil de qualité de 0,1 microgramme par litre est dépassé, dans le cas de résidus pour lesquels il n’existe pas de valeur sanitaire maximale formelle.

Mais ce principe n’est pas toujours appliqué, selon l’enquête de France 2. Complément d’enquête programme de France 2.

En décembre 2021, la DGS a demandé au Haut conseil de la santé publique (HCSP) ” un appui sur la gestion des risques sanitaires liés à la présence de pesticides et de métabolites de pesticides dans les eaux destinées à la consommation humaine. “

Le HCSP, en réponse, a déclaré qu'”une politique active et urgente doit être mise en œuvre pour réduire la contamination des ressources par les pesticides”.