Marine Le Pen, vétéran de l’extrême droite française, a fait abstraction d’une nouvelle défection de son parti au profit de son rival Eric Zemmour, dimanche, dans le cadre d’une bataille de plus en plus âpre avant les élections présidentielles d’avril.

Gilbert Collard, ancien allié et confident de Marine Le Pen, a officiellement annoncé samedi qu’il rejoignait l’équipe de Zemmour et a participé à un rassemblement aux côtés de l’écrivain et expert anti-islam dans le sud de la France.

Le député européen suit deux autres partisans de la ligne dure anti-immigration du parti Rassemblement national de Le Pen qui ont rejoint Zemmour la semaine dernière : son collègue député européen Jérôme Rivière et le haut responsable du parti Damien Rieu.

“Je ne prête pas beaucoup d’attention à toutes ces petites manœuvres entre politiciens car toute mon énergie est dirigée vers les problèmes des Français”, a déclaré Le Pen à la télévision France 3 dimanche.

Un nouveau sondage publié samedi donne le président Emmanuel Macron gagnant du premier tour de l’élection du 10 avril avec 25 %, suivi de Le Pen et de la droitière Valérie Pecresse du parti Les Républicains avec 15,5 % chacun.

Le sondage réalisé par le groupe Ipsos-Sopra Steria, avec un large échantillon de 12.500 personnes, montre que Zemmour est à la traîne en quatrième position avec 13 pour cent.

Les deux premiers candidats du premier tour sont qualifiés pour un second tour, où Macron l’emporte sur Le Pen par 57-43% et sur Pecresse par 54-46%, selon le sondage.

Boutique de kebab

Zemmour espère qu’une série de défections ce mois-ci, dont celle de l’ancien numéro deux du parti Les Républicains, Guillaume Peltier, pourra l’aider à revigorer une campagne que les analystes considèrent comme stagnante.

S’exprimant à Cannes samedi soir devant une foule d’environ 4 000 personnes, il s’est concentré sur ses thèmes principaux, à savoir la criminalité, l’islam et ce qu’il considère comme une immigration incontrôlée.

“Je ne veux pas d’un magasin de kebab dans chaque village”, a-t-il déclaré.

Le Pen a déclaré qu’il était “cohérent” que les transfuges de son parti se soient retournés contre elle alors qu’elle cherche à présenter une image plus modérée à l’électorat.

“Depuis le début de la campagne, ils ont critiqué ma décision de faire du pouvoir d’achat ma priorité”, a-t-elle déclaré, l’opposant à la campagne acharnée de Zemmour sur l’immigration et l’islam.

“Ils me reprochent de ne pas vouloir m’engager dans l’idée folle d’une guerre de religion (en France), ou d’une guerre civile qu’ils semblent presque vouloir pour le pays”, a ajouté Mme Le Pen.

Dans une déclaration de la semaine dernière annonçant sa décision de rejoindre Zemmour, Rieu a affirmé que le parti de Le Pen n’était “plus en mesure de motiver nos électeurs” et que “beaucoup de hauts responsables et de militants de base n’y croient plus.”

Mais le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré au Journal du Dimanche dimanche que Le Pen restait “la personne la plus dangereuse pour le pays” en tant que plus grand rival de Macron.

“Si jamais elle gagne des pouvoirs que cela conduira à la division nationale, puis à la guerre civile”, a-t-il prévenu.