Le gouvernement français a dévoilé un plan de lutte contre la prostitution des mineurs, qu’il qualifie de problème “préoccupant” et “croissant”.

Le secrétaire d’Etat à l’enfance Adrien Taquet a déclaré lors d’une conférence de presse mardi qu’au moins 7000 à 10 000 enfants sont concernés. Il a également déclaré que ce nombre est “en constante augmentation”.

“La moitié d’entre eux – surtout des filles, mais aussi des garçons – entrent dans la prostitution à 14 ans. Cela concerne tous les milieux sociaux”, a déclaré M. Taquet.

Le plan de 14 millions d’euros sera déployé tout au long des années 2021 et 2022.

Afin d’accompagner les familles concernées dans la prise en charge de leur enfant, le gouvernement va mettre en place “une plateforme d’écoute unique” et entend créer un réseau national avec des associations spécialisées.

De nombreux moyens seront consacrés à “la sensibilisation des enfants eux-mêmes à l’école et à la formation de tous les professionnels en contact avec eux, communauté éducative, travailleurs sociaux, forces de police et de gendarmerie”, a expliqué M. Taquet.

L’objectif est de mieux repérer les “signaux faibles” qui indiquent qu’un jeune est en train de tomber dans la prostitution : changement de comportement, déscolarisation, isolement, fugue, etc.

Jennifer Pailhé, la mère d’une jeune fille tombée dans la prostitution à 14 ans a déclaré aux journalistes lors de la conférence de presse qu’elle était “confrontée à l’incompréhension des gendarmes.”

“Si elle y allait, c’est qu’elle était consentante — ils ne comprenaient pas le phénomène du contrôle. Ils pensaient qu’elle était [participating] volontairement”, a-t-elle ajouté.

Cyberproxénétisme

Les travailleurs sociaux vont recevoir davantage de moyens pour effectuer des “maraudes numériques” sur les réseaux sociaux afin de repérer les victimes qui publient des annonces.

Le gouvernement veut également faire pression sur les plateformes de location d’appartements, car les réunions se déroulent de plus en plus dans des espaces loués.

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a déclaré que la présidence française de l’Union européenne – qui se déroulera au cours du premier semestre 2022 – présentera des mesures au reste du bloc pour obliger les plateformes de location à répondre aux enquêtes concernant la “traite ou le proxénétisme des mineurs”.

“Les plateformes de location telles qu’Airbnb doivent alerter… [a host] sur les risques que son appartement donne lieu à des comportements prostitutionnels, et faire appel à des algorithmes pour détecter les clients qui ont un comportement suspect”, a déclaré M. Tacquet.

Le gouvernement entend également “renforcer les capacités des enquêteurs sous pseudonyme” et développer “les enquêtes sur le cyberproxénétisme”.

Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l’association ACPE de lutte contre la prostitution enfantine a salué ces annonces comme une “réelle avancée”.

“C’est la première fois que j’ai le sentiment qu’il y a une volonté politique de lutter contre la prostitution des mineurs”, a-t-elle déclaré.