LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton, un conglomérat qui vend des produits de luxe, de la mode aux super-yachts, va verser un énorme dédommagement après avoir été accusé d’avoir engagé l’ancien directeur de l’agence française de renseignement intérieur pour espionner ses détracteurs.

Le géant français du luxe LVMH va payer 10 millions d’euros (11,3 millions de dollars) pour mettre fin aux accusations selon lesquelles il a engagé l’ancien chef du renseignement intérieur français pour espionner des particuliers, en particulier un cinéaste qui a réalisé un documentaire très populaire visant le PDG du groupe.

Un tribunal parisien a validé vendredi l’accord proposé par les procureurs, mettant fin à une enquête ouverte en 2011 contre le conglomérat de la mode contrôlé par Bernard Arnault, troisième personne la plus riche du monde selon le magazine Forbes.

Le jugement a rendu furieux François Ruffin, journaliste, cinéaste et désormais homme politique de gauche, qui a défrayé la chronique en 2016 avec “Merci Patron !” (Merci Patron !), un film qui a embroché Arnault comme un magnat sans cœur appauvrissant la classe ouvrière française.

Ruffin a intenté un procès en 2019, affirmant que LVMH a engagé l’ancien chef de la DGSI, Bernard Squarcini, pour l’espionner pendant près de trois ans lors du tournage du film, qui a remporté un César – l’équivalent français des Oscars – comme meilleur documentaire en 2017.

Le film raconte le combat de David contre Goliath de Jocelyne et Serge Klur, deux anciens employés du textile qui ont fait partie des dizaines de personnes licenciées par l’un des sous-traitants de LVMH après que leur travail ait été délocalisé en Pologne.

Le film a rencontré un grand succès auprès du public qui a applaudi le couple qui tente de convaincre Arnault de verser l’argent nécessaire pour sauver leur maison et trouver un emploi à plein temps à Serge.

M. Ruffin avait demandé au tribunal de refuser l’accord, affirmant que 10 millions d’euros ne représentaient que 0,02 % du chiffre d’affaires de près de 45 milliards d’euros réalisé l’année dernière par LVMH, dont les marques comprennent Louis Vuitton, Dior, Givenchy et la chaîne de cosmétiques Sephora.

“La justice peut-elle être achetée à si bon marché ? La réponse est oui”, a déclaré Mme Ruffin aux journalistes après l’audience de vendredi.

“C’est un chèque en blanc pour toutes les futures opérations d’espionnage des multinationales. Tout ce que LVMH a dû faire, c’est payer pour sortir de la procédure”, a-t-il dit.

La vice-présidente du tribunal de Paris, Caroline Viguier, a déclaré que la transaction tenait compte de la “coopération” de LVMH dans l’enquête et de “ses efforts pour prévenir toute répétition de tels incidents”.

“Il n’y a pas de système institutionnalisé [for spying] Il n’existe pas de système institutionnalisé au sein de LVMH et le groupe assume ses responsabilités, y compris en ce qui concerne les manquements qui ont eu lieu”, a déclaré au tribunal Jérôme Sibille, directeur juridique de la société.