Les insulaires du territoire pacifique de la Nouvelle-Calédonie ont voté à une écrasante majorité contre l’indépendance de la France lors d’un troisième référendum dimanche.

Les habitants du territoire du Pacifique de la Nouvelle-Calédonie ont voté à une écrasante majorité dimanche pour rester en France lors d’un troisième référendum qui a été boycotté par des groupes indépendantistes, selon des informations.

Des renforts policiers ont été envoyés sur le territoire connu sous le nom de « caillou », qui revêt une importance stratégique pour la France et s’inscrit dans une lutte d’influence plus large dans le Pacifique entre les pays occidentaux et la Chine.

La chaîne de télévision locale NC la 1ère a rapporté qu’avec 90,23 % des bulletins dépouillés, 96,32 % des électeurs avaient voté « Non » à l’indépendance, ce qui suscitera des craintes de troubles et des questions sur la légitimité du processus.

L’archipel d’environ 185 000 électeurs, 2 000 kilomètres (1 250 milles) à l’est de l’Australie, a obtenu trois référendums sur l’indépendance dans le cadre d’un accord de 1988 visant à apaiser les tensions sur les îles.

Le taux de participation dimanche n’était que de 41,60% à 17h00 heure locale (06h00 GMT).

Après avoir rejeté une échappée de France en 2018 puis de nouveau l’année dernière, on a demandé une dernière fois aux habitants : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie adhère à la pleine souveraineté et devenir indépendant ?

Les militants indépendantistes ont boycotté le vote, affirmant qu’ils voulaient qu’il soit reporté à septembre car «une campagne équitable» était impossible avec un nombre élevé d’infections à coronavirus.

Le résultat pourrait exacerber les tensions ethniques, la communauté autochtone kanak la plus pauvre privilégiant généralement l’indépendance par rapport à la communauté blanche plus riche.

Le principal mouvement indépendantiste indigène, le FLNKS, avait appelé le l’insistance du gouvernement à aller de l’avant avec le référendum « une déclaration de guerre ».

« Ce référendum n’a pas trop de sens car la moitié de la population a décidé de ne pas voter”, a déclaré à l’AFP Cathy, une libraire qui n’a donné que son prénom, dans un bureau de vote de la capitale Nouméa.

“Je suis sortie par civisme, ce qui m’intéresse, c’est la société qu’on va construire après”, a-t-elle expliqué à l’AFP.

La participation a été particulièrement faible dans les zones à majorité kanak, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Craintes de l’influence chinoise

L’enjeu du vote était l’un des plus grands territoires français d’outre-mer qui abrite environ 10 pour cent des réserves mondiales de nickel, qui est utilisé pour fabriquer de l’acier inoxydable, des batteries et des téléphones portables.

Le territoire est également un élément clé de la revendication de la France d’être une puissance du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie accordant à la France des droits sur l’océan environnant, ainsi qu’un poste de relais militaire.

Les experts soupçonnent qu’une Nouvelle-Calédonie indépendante se rapprocherait de Pékin, qui a noué des liens économiques étroits et une influence politique sur d’autres îles du Pacifique.

« Si le garde-fou français disparaissait, tous les éléments seraient en place pour La Chine s’implante définitivement en Nouvelle-Calédonie”, a déclaré French analyste en relations internationales Bastien Vandendyck.

D’autres nations de la région, dont Fidji, Vanuatu, les îles Salomon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, étaient déjà devenues des “satellites chinois”, a déclaré Vandendyck à l’AFP.

“Tout ce dont la Chine a besoin maintenant pour compléter son collier de perles aux portes de l’Australie, c’est la Nouvelle-Calédonie”, a-t-il déclaré.

La Chine est déjà le premier client des exportations de métaux de la Nouvelle-Calédonie.

Nouveau vote sur le futur “projet”

Le président français Emmanuel Macron a évité de prendre parti dans le débat référendaire, affirmant jeudi que son rôle était de veiller à ce que le vote « se déroule de la bonne manière et dans les bonnes conditions ».

Il devrait faire une déclaration dimanche à 12h00 GMT et souhaite désespérément éviter de nouveaux troubles à l’étranger à la suite de violentes manifestations sur les îles des Caraïbes françaises de Guadeloupe et de Martinique le mois dernier.

Environ 2 000 policiers et soldats ont été déployés pour le vote de dimanche, qui semble s’être déroulé en grande partie sans incident, à l’exception d’une tentative barrage routier sur une île éloignée.

La France compte 13 territoires d’outre-mer, abritant 2,7 millions de personnes, qui sont généralement plus pauvres et ont un chômage plus élevé que la métropole, ce qui conduit à des accusations de négligence de longue date.

Certains comme la Polynésie française se sont vu accorder une large autonomie et l’attention se tournera désormais vers le futur statut de la Nouvelle-Calédonie, dont le conseil régional pourrait se voir octroyer davantage de pouvoirs.

Un autre référendum est attendu d’ici juin 2023 qui décidera de la « projet » que veulent poursuivre les Néo-Calédoniens.

Le mouvement indépendantiste a menacé de ne pas reconnaître le résultat de dimanche et s’est engagé à faire appel aux Nations Unies pour qu’il soit annulé.

La Nouvelle-Calédonie a été largement épargnée lors de la première phase de la pandémie, mais ont subi près de 300 décès de Covid-19 depuis l’arrivée de la variante Delta.

Certains observateurs craignent que les tensions ne déclenchent un retour du type de violence vue pour la dernière fois dans les années 1980, lorsque des affrontements ont éclaté entre les Kanaks indépendantistes et Français blancs opposés à l’indépendance.