La France craint

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Photo de François WALSCHAERTS / AFP

“Je pense qu’il est possible que le pire soit devant nous”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à la chaîne de télévision France 2, affirmant que la Russie chercherait à assiéger les villes après que ses attentes initiales d’une victoire rapide aient été sabotées par la résistance ukrainienne.”

Jeudi, le ministère des Affaires étrangères a également exhorté “fermement” ses citoyens à quitter la Russie si leur présence n’était “pas essentielle”.

“Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et suite à l’imposition de sanctions internationales, nous devons renforcer notre vigilance”, écrit le ministère des Affaires étrangères sur son site internet. Dès dimanche, Paris avait recommandé aux Français de passage en Russie de quitter le pays.

Le Drian a déclaré à France 2 : “Les Russes sont entrés en Ukraine en cherchant une guerre éclair, une avancée rapide qui permettrait à la Russie de contrôler l’Ukraine.

“Ce ne fut pas le cas, grâce à la résistance exemplaire, courageuse et forte des Ukrainiens”.

Il a déclaré qu’après la chute de la ville méridionale de Kherson aux mains de la Russie – confirmée par l’Ukraine dans la nuit – des centres tels que Kharkiv à l’est, Mariupol au sud et Kiev elle-même risquaient d’être encerclés.

“Au fur et à mesure que la forêt s’accumule autour de ces villes, nous pouvons craindre une mentalité de siège”, a-t-il déclaré.

Le Drian a rappelé les tactiques russes passées dans la guerre en Syrie et aussi contre les séparatistes dans la région de la Tchétchénie.

“Les Russes sont habitués à cela – rappelez-vous Alep, Grozny. Cela pourrait être très grave. Le désastre continue et l’agression méprisable de la Russie se poursuit.”

Interrogé sur la stratégie du président Vladimir Poutine vis-à-vis de l’Ukraine, Le Drian a répondu que le dirigeant russe voulait “la négation de l’Ukraine et la négation d’un pays démocratique à sa porte.”

Il a déclaré que les tensions autour des régions séparatistes ukrainiennes pro-Moscou de Donetsk et de Lougansk avant l’invasion russe du 24 février n’étaient qu’un “alibi, un prétexte”.

“Le souhait de Poutine est d’éviter d’avoir à sa porte des modèles démocratiques qui pourraient éventuellement avoir une influence sur le développement de la Russie”, a-t-il déclaré.

Le Drian doit se rendre jeudi en Moldavie, pays voisin de l’Ukraine, afin de soutenir le gouvernement pro-UE de ce pays, alors que les forces russes cherchent à progresser vers l’est.