Des vandales ont endommagé dans le centre de la France la sculpture d’un héros militaire algérien qui a résisté à la colonisation française de ce pays d’Afrique du Nord, quelques heures avant son inauguration samedi, ont rapporté des journalistes de l’AFP.

La partie inférieure de la sculpture en acier de la ville d’Amboise, où l’Emir Abdelkader a été emprisonné de 1848 à 1852, a été gravement endommagée dans cette attaque qui intervient au milieu d’une campagne électorale dominée par une rhétorique dure sur l’immigration et l’Islam.

Le maire d’Amboise, Thierry Boutard, s’est dit “honteux” des responsables et a décidé de poursuivre la cérémonie d’inauguration malgré tout.

“J’ai eu honte que quelqu’un traite une œuvre d’art et un artiste de cette façon”, a-t-il déclaré à l’AFP.

“Mon deuxième sentiment est bien sûr celui de l’indignation. C’est un jour d’harmonie et d’unité et ce genre de comportement est inqualifiable”, a-t-il ajouté.

La police a déclaré qu’elle enquêtait sur l’incident.

La sculpture a été commandée pour coïncider avec le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie vis-à-vis de la France, obtenue après une guerre de libération brutale de huit ans qui continue d’empoisonner les relations entre les deux pays.

Elle a été suggérée par un historien chargé par le président Emmanuel Macron de trouver des moyens de guérir les souvenirs de la guerre et des 132 années de domination française en Algérie.

La sculpture d’Abdelkader, un spécialiste de l’islam devenu militaire.La sculpture d’Abdelkader, un islamologue devenu militaire qui a résisté à la domination française mais qui a été considéré comme un héros en France pour sa défense ultérieure des chrétiens au Moyen-Orient, regarde le château où il a été emprisonné, de l’autre côté de la Loire.

Une atmosphère nauséabonde
L’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, qui a assisté à l’inauguration, a condamné l’attaque comme un acte de “bassesse indescriptible” et a déclaré qu’il était confiant que le processus de réconciliation en cours entre les deux pays perdurerait.

Ouassila Soum, une Française de 37 ans d’origine algérienne qui a assisté à l’inauguration, a déclaré que le vandalisme l’a laissée “avec un nœud dans l’estomac.”

“C’est une honte et pourtant ce n’est pas surprenant avec la rhétorique de la haine et l’ambiance nauséabonde actuelle”, a déclaré Soum, saluant la sculpture comme “un symbole de la réconciliation entre les peuples et les civilisations.”

Surnommé “le pire ennemi de la France” à la fin du 19ème siècle, l’Emir Abdelkader est considéré comme l’un des fondateurs de l’Algérie moderne pour son rôle dans la mobilisation de la résistance à la domination française.

La rébellion qu’il a menée a cependant échoué et il s’est rendu aux forces françaises qui l’ont expédié en France, où lui et sa famille ont passé quatre ans sous bonne garde au château d’Amboise.

Il s’est ensuite rendu en Syrie, où il a obtenu une reconnaissance internationale pour avoir défendu les chrétiens lors d’attaques sectaires.

Il a reçu la Légion d’honneur, la plus haute distinction française, pour son rôle dans la lutte contre la persécution.