Quatre hommes jugés pour le meurtre d'un prêtre français pendant une messe

La tombe du Père Jacques Hamel, tué devant sa congrégation alors qu’il célébrait la messe. Photo de JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Le père Jacques Hamel a été égorgé au pied de l’autel alors qu’il célébrait la messe, le 26 juillet 2016, dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, une banlieue populaire de Rouen, dans le nord-ouest de la France.

Les deux assaillants de 19 ans, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, ont également grièvement blessé l’un des fidèles qu’ils ont pris en otage avant d’être abattus par la police alors qu’ils tentaient de quitter l’église.

Ils ont revendiqué dans une vidéo être des membres de l’État islamique, qui les a ensuite appelés ses “soldats” en représailles à la lutte de la France contre les djihadistes en Syrie et en Irak.

Le meurtre d’Hamel est survenu alors que le pays était en état d’alerte maximale en raison d’une série d’attaques djihadistes qui ont commencé par un massacre au journal satirique Charlie Hebdo en janvier 2015 et qui ont fait plus de 250 morts au total.

Elle a également soulevé des questions sur la capacité des services de renseignement français à prévenir de telles attaques, puisque Kermiche portait à l’époque un bracelet électronique après que la police antiterroriste a appris qu’il avait tenté à deux reprises d’aller combattre en Syrie.

Les procureurs affirment que Jean-Philippe Jean Louis, Farid Khelil et Yassine Sebaihia connaissaient le plan des assaillants, Jean Louis s’étant rendu en Turquie avec Petitjean quelques semaines avant l’attaque pour tenter de rejoindre la Syrie.

Ils ont nié les accusations de conspiration avec des terroristes, leurs avocats les qualifiant de “boucs émissaires”.

Rachid Kassim, un Français qui est devenu un recruteur clé d’IS et qui est l’instigateur présumé de l’attaque, a été accusé de complicité dans le meurtre en aidant à choisir la cible et en fournissant des conseils.

“Se jeter sur les infidèles comme un lion affamé se jette sur sa proie”, leur a dit Kassim dans des conversations audio et sur les réseaux sociaux découverts par les enquêteurs.

La police affirme également que Kassim est à l’origine du meurtre glaçant d’un officier de police et de son partenaire devant leur fils de trois ans à Magnanville, en banlieue parisienne, quelques semaines seulement avant le meurtre de Hamel.

On pense qu’il a été tué dans une frappe aérienne de la coalition près de Mossoul, en Irak, où il vivait, mais il est jugé par contumace car le décès n’a pas été confirmé.

Malgré l’absence des principaux coupables, les proches de Hamel et les victimes espèrent apprendre comment les jeunes hommes en sont venus à embrasser l’idéologie extrémiste qui a conduit à l’attaque.

Guy Coponet, qui a été grièvement blessé alors qu’il était retenu en otage dans l’église, “veut comprendre comment ces jeunes, à peine sortis de l’adolescence, ont pu commettre de telles horreurs”, a déclaré à l’AFP son avocat Mehana Mouhou.

Aujourd’hui âgé de 92 ans, il prévoit d’assister au moins à une partie des audiences prévues au cours des quatre prochaines semaines.

Les responsables de l’Eglise catholique ont lancé le processus de béatification de Hamel, une première étape vers la canonisation ou la sainteté, qui est actuellement examiné par le Vatican.

Le pape François, qui a approuvé un processus accéléré pour Hamel, l’a qualifié de “martyr” mort pour sa foi, ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire d’apporter la preuve de miracles dans son cas.