Le président français Emmanuel Macron a fait preuve de beaucoup d’ambition dans un discours dans lequel il a dévoilé un plan d’investissement de 30 milliards d’euros dans l’industrie “verte” – mais son investissement controversé dans l’énergie nucléaire a attiré l’attention.

Les références rapides au premier avion européen à faible émission de carbone, aux usines d’hydrogène vert, aux semi-conducteurs fabriqués en France et aux millions de véhicules électriques – tous opérationnels d’ici 2030 – ont été énumérées dans le discours.

De manière controversée, son discours incluait un nouvel engagement en faveur de l’énergie nucléaire, alors que l’Europe fait face à une crise énergétique, renversant ainsi plusieurs années d’efforts pour réduire la dépendance du pays à cette forme de production d’énergie.

M. Macron a déclaré que la France investirait un milliard d’euros dans l’énergie nucléaire d’ici la fin de la décennie, soit environ cinq ans plus tôt que les meilleures estimations précédentes. “L’objectif numéro un est d’avoir des réacteurs nucléaires innovants à petite échelle en France d’ici 2030, ainsi qu’une meilleure gestion des déchets”, a-t-il déclaré.

Son plan consiste à déployer un certain nombre de “petits réacteurs modulaires” pour répondre à la demande croissante d’énergie.

Ces réacteurs produisent entre 10 et 300 MW d’électricité, alors que les réacteurs conventionnels produisent actuellement entre 900 et 1450 MW, et sont plus faciles à construire. En fait, ils arrivent en kit pour être assemblés sur place.

Les défenseurs de l’environnement, convaincus que Macron était de leur côté, sont déçus par le retour en arrière vers l’énergie nucléaire.

“Chaque euro investi dans le nucléaire est un euro non investi dans les autres énergies”, a déclaré le député vert Matthieu Orphelin. “Une fuite en avant permanente dans le nucléaire ne nous sauvera pas”.

LA DÉPENDANCE DE LA FRANCE AU NUCLÉAIRE

  • La première centrale nucléaire française a été ouverte en 1962. Il y a actuellement 56 réacteurs opérationnels répartis dans 18 centrales à travers le pays.
  • En 1974, juste après le premier choc pétrolier, le gouvernement français a décidé d’accroître la capacité de production d’énergie nucléaire afin d’améliorer ce que l’on appelle la sécurité énergétique dans le cadre du plan Messmer, du nom du Premier ministre de l’époque, Pierre Messmer. Le plan Messmer, du nom du Premier ministre de l’époque, Pierre Messmer, prévoit la construction d’environ 80 centrales nucléaires d’ici 1985 et de 170 au total d’ici 2000. Les travaux sur les trois premières centrales, à Tricastin, Gravelines et Dampierre, ont commencé la même année et la France a installé 56 réacteurs au cours des 15 années suivantes.
  • La France tire environ 70 % de son électricité de l’énergie nucléaire. La politique récente du gouvernement – jusqu’au discours de Macron du moins – était de réduire la dépendance nucléaire du pays à 50 % d’ici 2035.
  • Environ 17 % de l’électricité française est produite à partir de combustible nucléaire recyclé.
  • La France est le plus grand exportateur net d’électricité du monde – elle gagne plus de 3 milliards d’euros par an en vendant de l’électricité à l’étranger. Ses principaux clients sont l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg.
  • Mais en période de forte demande – en raison de la façon dont le réseau énergétique est organisé en France – elle devient un importateur net d’électricité sur le marché international spot, dont le prix est souvent élevé.

  • Les partisans du nucléaire soulignent le fait qu’il s’agit d’un moyen de production d’électricité relativement propre. Les émissions de dioxyde de carbone provenant de la production d’électricité en France sont faibles car plus de 80 % de l’électricité française provient de sources nucléaires ou hydroélectriques. Les écologistes, cependant, soulignent les risques potentiels de l’énergie nucléaire.