La France a rapatrié mardi 51 ressortissants de Syrie, dont plusieurs enfants orphelins qui étaient en détention dans le nord-est du pays depuis trois ans, depuis la chute du soi-disant État islamique.

Les femmes ont des liens présumés avec l’organisation terroriste – ayant voyagé dans la région pendant les années où le groupe était encore actif – et ont été placées en détention. Cela inclut deux non-citoyennes, qui ont des enfants français.

Cette décision semble représenter un changement significatif dans la politique française.

Au cours des dernières années, la France a été réticente à rapatrier ses ressortissants de la région, affirmant qu’ils devaient être jugés là où leurs crimes avaient été commis.

Les autorités se sont concentrées presque exclusivement sur le rapatriement des enfants au cas par cas, mais il en restait plus de 200 avant cette dernière opération, ce que les familles et les organisations internationales ont dénoncé.

En février, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a condamné la France pour avoir violé la Convention internationale des droits de l’enfant en exposant ces enfants à des traitements inhumains et dégradants et en portant atteinte à leur droit à la vie.

Des milliers d’étrangers avaient été retenus dans des camps après que les forces kurdes – avec le soutien d’une coalition internationale – aient vaincu l’État islamique.

Euronews a visité les camps d’Al Hol, Al Roj et Ain Issa en 2019. Regardez les reportages ici.

Les hommes avaient été emmenés dans des prisons locales de la région. Les femmes et les enfants ont été placés dans des camps pour Syriens déplacés par la guerre, où des annexes ont été construites pour détenir des “membres d’ISIS” présumés.

Les conditions de vie des enfants étaient absolument désastreuses : les camps ont une distribution d’eau et des services médicaux très limités. Des dizaines d’enfants sont morts de complications liées à des maladies telles que le choléra.

L’année dernière, une femme française est décédée d’une maladie chronique – laissant derrière elle une petite fille de 6 ans qui serait parmi les personnes rapatriées aujourd’hui.

Une première victoire

Un collectif de familles de ressortissants français détenus dans ces prisons a demandé aux autorités de rapatrier leurs enfants et petits-enfants afin que les adultes puissent bénéficier d’un procès équitable et que les enfants puissent avoir une chance d’être des enfants.

Dans une déclaration publiée peu après que le gouvernement ait rendu public le rapatriement, le groupe a déclaré qu’il espérait que les paroles d’Emmanuel Macron selon lesquelles “les cinq prochaines années seront celles de la protection de l’enfance” se traduiraient par des actes.

“Ce rapatriement, apporte de l’espoir à tant de familles qui souffrent depuis des années de voir leurs petits-enfants dépérir dans des camps sordides. La France a montré qu’elle avait la capacité de rapatrier : il faut maintenant et définitivement refermer cette page honteuse de notre histoire, sans attendre”, peut-on lire dans le communiqué.

Le père d’une femme qui est toujours en détention dans le camp d’Al Roj – où la majorité des ressortissants européens restés dans la région sont détenus – a déclaré à Euronews que la famille pense qu’il s’agit d’une “première victoire”, en particulier parce que c’est la première fois que des femmes sont ramenées avec leurs enfants, et qu’ils pensent que cela marque une nouvelle stratégie de la part du gouvernement français.

Albert a également déclaré que, pour lui, le “cauchemar” continue mais qu’il voit maintenant une lumière au bout du tunnel.

Il a l’espoir de rencontrer enfin son petit-enfant bientôt.

“M” vient d’avoir trois ans et, selon Albert, il ressemble à son grand-père.