Valérie Pécresse, qui est devenue samedi la première femme à remporter l’investiture du principal parti de droite pour la présidence française, fait le pari que les électeurs sont prêts à accepter son conservatisme.

La candidate des Républicains (LR), a promis de “restaurer la fierté française” avec un programme de coupes budgétaires, de restrictions de l’immigration, de défense des “valeurs familiales” et de répression de la criminalité, en se concentrant autant sur la rigueur économique que sur les préoccupations sécuritaires.

Les sondages n’ont pas encore montré qu’elle pourrait atteindre un second tour contre le Président Emmanuel Macron, mais les analystes ont vu sa candidature comme une perspective intrigante, si elle gagne du terrain sur la campagne, et potentiellement le rival qu’il craint le plus.

Se décrivant elle-même comme une “Dame de fer” et une “bête de somme”, elle insiste sur la nécessité de réformes bureaucratiques qui supprimeraient 200 000 emplois de fonctionnaires, mais s’engage également à augmenter de 10 % les salaires de tous ceux qui gagnent moins de 3 000 euros (3 400 $) par mois.

Après sa victoire, elle a déclaré qu’elle pensait à toutes les femmes de France et a, par le passé, cité la chancelière allemande sortante Angela Merkel et l’ancienne première ministre britannique Margaret Thatcher comme des sources d’inspiration.

“Une femme qui tient bon, qui a du courage et qui fait avancer les choses comme moi, c’est quelqu’un, comme Angela Merkel en Allemagne, comme Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, qui peut défendre bec et ongles les intérêts de notre peuple”, a-t-elle déclaré à la télévision BFM après son accession surprise jeudi au second tour de la primaire.

Née à Neuilly, en banlieue parisienne, Mme Pécresse, âgée de 54 ans, est présidente de la région Ile-de France, qui regroupe des millions de personnes en dehors de la capitale, où elle a été réélue sans difficulté au début de l’année.

Comme Macron, dont on s’attend à ce qu’il cherche à se faire réélire sur sa plateforme centriste l’année prochaine, Pécresse est diplômée de l’école d’élite ENA qui forme les meilleurs fonctionnaires du pays.

Elle a fait ses armes au gouvernement en tant que conseillère dans l’administration de Jacque Chirac, avant d’être élue députée et conseillère régionale au début des années 2000.

Des passages en tant que porte-parole et ministre du budget sous le président Nicolas Sarkozy l’ont fait connaître au niveau national, et l’ont aidée à arracher le contrôle de la région Île-de-France aux socialistes en 2015.

Elle affirme avoir ramené les finances de sa région sur des bases saines, tout en accusant Macron de “brûler la caisse” avec des dépenses effrénées qui ont aggravé l’endettement de la France.

Le cœur de la droite

Outre des valeurs sociales conservatrices, Mme Pecresse partage avec Mme Merkel, qui a fait ses études en Allemagne de l’Est, une capacité inhabituelle à parler russe, en raison du temps passé dans un camp de jeunesse soviétique pendant son adolescence.

Reflétant la dérive vers la droite du pays ces dernières années, Mme Pécresse a déclaré que sa première mesure au pouvoir serait une loi visant à mettre un terme à “l’immigration incontrôlée” et à rendre plus difficile l’obtention de la citoyenneté ou l’accès aux prestations sociales.

Elle a promis de renforcer la sécurité dans les banlieues pauvres, suggérant que l’armée pourrait être envoyée dans les “zones de non-droit” où la police se dit submergée par le trafic de drogue et la criminalité.

En termes de politiques sociales, elle a appelé à une droite qui place “les êtres humains en premier”. Elle s’est opposée à la loi de 2013 autorisant le mariage gay en France, mais a depuis déclaré qu’elle ne tenterait pas de la faire annuler.

Elle devra d’abord séduire une majorité d’électeurs républicains qui n’ont pas oublié qu’elle a quitté le parti en 2019, l’accusant d’adopter des politiques d’extrême droite qui ne feraient que diviser le pays.

Son rival au second tour de la primaire était Eric Ciotti, un député à la ligne dure qui a refusé de façon célèbre de voter pour Macron lors de son second tour contre la vétéran de l’extrême droite Marine Le Pen il y a quatre ans.

Pour tenter de renverser Macron, elle a embauché Patrick Stefanini, une éminence grise de la droite qui a dirigé la campagne des Républicains de François Fillon en 2017 – dont on s’attendait largement à ce qu’il gagne avant qu’un scandale de faux emplois ne réduise ses chances.

Pecresse espère également que la France est prête à élire sa première femme dirigeante après avoir vu pendant des années les électeurs mettre des femmes à la tête des nations européennes voisines.

“Je suis au cœur de la droite, et je peux nous rassembler”, a-t-elle déclaré jeudi.