Un homme passe devant les affiches de campagne des candidats à la présidence française, le président sortant Emmanuel Macron et la candidate du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, à Denain, le 11 avril 2022.

Un homme passe devant des affiches de campagne des candidats à la présidentielle française, le président sortant Emmanuel Macron et la candidate du parti d’extrême droite Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, à Denain, le 11 avril 2022. Photo de Ludovic MARIN / AFP

Le président Emmanuel Macron et son adversaire d’extrême droite Marine Le Pen ont tous deux des réunions discrètes lundi, se donnant un rythme jusqu’au face-à-face de mercredi, qui pourrait s’avérer être la clé de la campagne.

La dernière fois en 2017, lorsque les deux mêmes candidats se sont affrontés à ce stade de la campagne, la plupart des observateurs pensent que Macron s’en est mieux sorti. Il a remporté l’élection confortablement quelques jours plus tard.

Cette fois-ci cependant, Le Pen insiste sur le fait qu’elle est mieux préparée. “Dans ma tête, je suis prête à exercer le pouvoir”, a-t-elle déclaré à la télévision de TF1 dimanche soir.

Macron s’est montré tout aussi confiant dans ses commentaires à TF1.

“Je pense que j’ai un projet gagnant qui mérite d’être connu et j’ai le sentiment que du côté de l’extrême droite, il y a un projet qui mérite d’être clarifié”, a-t-il déclaré.

Les derniers sondages d’opinion suggèrent toujours que Macron a l’avantage, lui donnant des scores entre 53 et 55,5 pour cent contre 44,5 à 47 pour cent pour Le Pen.

Le débat Macron contre Le Pen : Que se passe-t-il ?
Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors de leur débat en 2017. Photo : Eric Feferberg / POOL / AFP

Mais en tenant compte des marges d’erreur, Macron sait qu’il n’y a pas de place pour la complaisance avant le vote du second tour de dimanche prochain.

Rassurer tout le monde

Le Pen, elle aussi, sait ce qui est en jeu.

“J’ai lu tellement de bêtises sur mes projets ces derniers jours, tellement de caricatures – voire de fake news – qu’il est extrêmement important que je puisse avoir un moment avec tous les Français qui sont intéressés (…) pour pouvoir rassurer tout le monde”, a-t-elle déclaré samedi.

Le Pen a travaillé dur pour présenter un visage plus modéré aux électeurs, en mettant l’accent sur ses plans pour faire face à la hausse du coût de la vie plutôt que sur ses thèmes habituels de l’immigration et de l’Islam.

Dimanche, son équipe a tenu à minimiser son projet d’interdiction du foulard islamique dans les lieux publics, qui, selon elle, sera sanctionné par des amendes infligées par la police. Ce n’est plus sa priorité dans la lutte contre l’extrémisme, ont-ils dit.

Élection présidentielle française : les affrontements politiques les plus mémorables.
Macron et Le Pen s’apprêtent à débattre à la télévision pour la présidence française dans un second tour continu qui, selon les sondages, risque d’être serré. (Photo de JULIEN DE ROSA et CHARLES PLATIAU / diverses sources / AFP)

Ils ont également riposté à une information selon laquelle l’OLAF, l’organisme de lutte contre la corruption de l’Union européenne, l’a accusée, ainsi que des collègues de haut rang, d’avoir détourné plus de 600 000 euros (650 000 dollars) de fonds européens lorsqu’ils étaient eurodéputés.

Son avocat, Rodolphe Bosselut, a exprimé ses soupçons quant au moment de la publication de l’histoire, d’abord révélée par le site d’investigation Mediapart samedi.

Roulette russe

Lundi, Mme Le Pen se rendra en Normandie, dans le nord de la France, pour ce qu’elle appelle sa “mission de conviction”, avant de prendre du recul par rapport à sa campagne pour préparer le débat.

Macron, quant à lui, a prévu des interviews à la radio et à la télévision.

Une série de personnalités politiques de gauche et de droite éliminées au premier tour de l’élection ont jeté leur dévolu sur Macron.

Mais les résultats d’un sondage réalisé dimanche par Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la gauche radicale arrivé en troisième position, donneront à Macron matière à réflexion.

Mélenchon a recueilli 7,7 millions de voix au premier tour, soit près de 22 % du total. Sur ses 215 292 partisans interrogés, seul un tiers avait l’intention de soutenir Macron au second tour.

Les autres ont préféré renvoyer un bulletin de vote blanc ou annulé – ou simplement ne pas voter du tout.

Mélenchon lui-même, plutôt que de soutenir explicitement Macron, a simplement appelé à “ne pas voter une seule fois pour Le Pen”.

Christophe Castaner, le chef du groupe La République en marche (LREM) de Macron au Parlement, a minimisé l’importance du sondage.

Mais il a également mis en garde : “Ne pas choisir, c’est accepter de jouer à la russe…”.
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