Salah Abdeslam, le seul survivant de l’équipe extrémiste de l’État islamique qui a organisé et mené l’attaque de 2015 contre le théâtre Bataclan à Paris, a été reconnu coupable et condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.
En plus d’Abdeslam, 19 autres hommes accusés d’avoir joué un rôle essentiel dans les pires attaques du pays en temps de paix ont été reconnus coupables “de toutes les charges” mercredi.
Seuls 14 d’entre eux ont comparu devant le tribunal, les six autres étant jugés par contumace.
Mohamed Abrini a été condamné à la prison à vie avec possibilité de libération conditionnelle après 22 ans derrière les barreaux, le tribunal ayant déclaré avoir établi “son allégeance” au soi-disant État islamique.
Au cours du procès, Abrini a expliqué comment il était censé prendre part à l’attaque mais a fini par se désister.
Mohamed Bakkali, Osama Krayem, Sofien Ayari et Ahmed Dahmani ont tous été condamnés à 30 ans de prison, avec un minimum de deux tiers à purger.
Bakkali, qui aurait joué un “rôle fondamental” dans les attaques, a acheté des fusils et loué des maisons sécurisées et des voitures de fuite, a déclaré le tribunal.
Il purge déjà une peine de 25 ans de prison en Belgique pour un attentat manqué contre un train Thalys à destination de Paris.
Krayem, un citoyen suédois, avait passé un certain temps en Syrie à combattre pour le soi-disant État islamique. Son ADN a été retrouvé dans des appartements utilisés par les attaquants de Paris, et il est soupçonné d’avoir participé à l’attaque de l’aéroport de Bruxelles en 2016.
Ayari, un ressortissant tunisien qui s’est également rendu en Syrie pour rejoindre l’EI, a été arrêté avec Abdeslam à Bruxelles en mars 2016. Avec Krayem, les deux hommes auraient préparé un attentat contre l’aéroport Schipol d’Amsterdam.
Dahmani, qui purge une autre peine en Turquie, a fourni une aide logistique à Abdeslam, a déclaré le tribunal.
Les autres ont été condamnés à des peines allant de deux à 22 ans de prison pour une série de chefs d’accusation allant de la participation à la planification et à l’aide à l’acquisition d’armes ou à la fabrication de gilets de sauvetage à la fourniture d’un soutien logistique avant et après les attaques.
Les attaques à l’arme à feu et à la bombe du 13 novembre 2015 ont fait 130 morts dans la capitale française, notamment dans la salle de concert du Bataclan, des restaurants, des bars et le stade national.
Peine de prison à vie sans libération conditionnelle extrêmement rare.
La peine de prison à vie sans libération conditionnelle est la plus lourde en droit pénal français, et extrêmement rare, car la plupart des personnes condamnées à la prison à vie ont le droit de faire appel après 18 à 22 ans.
Le fait d’être reconnu coupable de terrorisme ayant entraîné la mort peut cependant porter la période de sûreté à 30 ans ou à l’absence de libération conditionnelle.
Lors des plaidoiries finales au début du mois, les procureurs français ont demandé le jugement le plus sévère pour Abdeslam.
Ils l’ont inculpé de plusieurs chefs d’accusation d’assassinat, de complicité d’assassinat, d’appartenance à une organisation terroriste et de participation à un complot d’assassinat et d’enlèvement en tant que membre d’une organisation terroriste.
Pour les familles des victimes et les survivants des attaques, le procès d’Abdeslam et de ses complices présumés a été atroce mais crucial dans leur quête de justice et d’apaisement.
Originaire de Bruxelles, Abdeslam a présenté ses excuses aux victimes lundi, affirmant que ses remords pour les personnes tuées et blessées étaient sincères et profonds.
Les procureurs ont déclaré que ses excuses étaient une tentative calculée d’obtenir la clémence, étant donné qu’au début du procès en septembre, Abdeslam a déclaré de manière provocante sa profession de “combattant IS”.
D’autres contradictions, notées par les procureurs, impliquent qu’Abdeslam a d’abord exprimé son regret que les explosifs n’aient pas explosé, mais qu’il a ensuite affirmé avoir changé d’avis dans le bar et avoir délibérément désactivé les explosifs attachés sur son corps parce qu’il ne voulait pas tuer des personnes “qui chantent et dansent.”
“Tout le monde n’est pas un jihadiste, mais tous ceux que vous jugez ont accepté de participer à un groupe terroriste, soit par conviction, soit par lâcheté, soit par cupidité”, a déclaré le procureur Nicolas Braconnay au tribunal au début du mois.
Le tribunal a estimé mercredi que son gilet pare-balles était défectueux, rejetant son affirmation selon laquelle il aurait consciemment renoncé à commettre l’attentat.