Des membres de la hiérarchie catholique française se sont agenouillés en signe de pénitence au sanctuaire de Lourdes samedi, au lendemain de la reconnaissance par les évêques de la responsabilité de l’Eglise dans des décennies d’abus sur des enfants.

Mais certaines victimes d’abus – et les membres laïcs qui les soutiennent – ont déclaré qu’ils attendaient toujours les détails de l’indemnisation et d’un plan d’action.
réforme complète de l’église.

A Lourdes, lieu de pèlerinage pour les chrétiens du monde entier, quelque 120 archevêques, évêques et laïcs se sont rassemblés lors de l’inauguration d’une photo montrant une sculpture représentant la tête d’un enfant en pleurs.

A la demande des victimes, les ecclésiastiques n’ont pas porté leurs vêtements religieux pour la cérémonie.

Le mur sur lequel figure la photo servira de “lieu de mémoire” pour les victimes. La photo elle-même a été prise par l’une des victimes d’abus, et la souffrance qu’il a endurée a été détaillée dans un passage lu par un autre survivant.

Lors de la cérémonie de samedi, Hugues de Woillemont, porte-parole de la Conférence des évêques de France, a déclaré : “Nous voulons marquer ce lieu de Lourdes pour un premier témoignage visuel qui commémore tant de violences, de drames et d’attentats.”

Un jour plus tôt, à l’issue d’un vote lors de leur conférence annuelle, les évêques de France ont finalement accepté formellement que l’église catholique porte une responsabilité dans l’histoire de l’humanité.
“responsabilité institutionnelle” dans les milliers de cas d’abus d’enfants.

Les abus, qui remontent aux années 1950 et touchent au moins 216.000 mineurs, ont été détaillés dans un rapport indépendant publié il y a un mois, qui parlait de la “chape de silence” jetée sur le scandale.

La conférence a également reconnu que l’Eglise avait laissé les abus devenir “systémiques”, a déclaré Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF).

C’est une imposture

Une victime d’abus, Véronique Garnier, a déclaré avoir été émue par la cérémonie.

Garnier, qui a travaillé en étroite collaboration avec le CEF, a déclaré qu’il était important que justice soit rendue aux victimes.

Mais le Père Jean-Marie Delbos, qui a été victime d’abus dans son enfance, a rejeté la cérémonie avec colère.

“La repentance, c’est une imposture”, a déclaré le prêtre de 75 ans à propos de la cérémonie.

S’adressant aux journalistes, il a demandé que le prêtre qui l’avait abusé soit puni et défroqué.

Une vingtaine de membres laïcs de la foi, des rubans violets noués autour du bras ou du cou, se sont rassemblés sous une bannière appelant aux “Quatre R” – reconnaissance, responsabilité, réparation et réforme – de l’Eglise.

“Nous avons notre rôle à jouer”, a déclaré l’une d’entre elles, Anne Reboux, 64 ans, originaire de la ville de Toulouse (sud-ouest).

Plus les membres laïcs jouent un rôle actif dans l’église, moins la hiérarchie sera tentée d’abuser de son pouvoir, a-t-elle fait valoir.

A Paris, quelques dizaines de personnes, dont certaines se sont identifiées comme victimes d’abus, se sont rassemblées devant le siège de la CEF.

“Nous espérons, par notre présence (…) être pris en compte dans l’élaboration d’un plan d’action et d’un calendrier qui va devoir être mis en place pour aboutir à une indemnisation”, a déclaré à l’AFP-TV l’une des organisatrices, Yolande Fayet de la Tour.

Une décision sur l’indemnisation des victimes d’abus est attendue lors de la dernière journée de la conférence du CEF, lundi.