La France rendra hommage à l’instituteur Samuel Paty samedi, un an après qu’il ait été décapité par un extrémiste après avoir montré à sa classe des caricatures du prophète musulman Mahomet.

Paty, 47 ans, a été poignardé puis décapité après avoir quitté le collège où il enseignait l’histoire et la géographie dans la paisible banlieue parisienne de Conflans-Sainte-Honorine le soir du 16 octobre 2020.

La mort violente de Paty a stupéfié les éducateurs français, qui y ont vu une attaque contre les valeurs fondamentales que les enseignants ont enseignées à des générations d’écoliers, notamment la séparation de l’Église et de l’État et le droit de blasphémer.

Les hommages à venir pour l’enseignant assassiné comprennent une plaque commémorative qui sera placée à l’entrée du ministère français de l’Intérieur à Paris samedi. Le Premier ministre Jean Castex, d’autres ministres du gouvernement, les parents de Paty et des membres de sa famille devraient assister à l’inauguration.

La famille rencontrera Macron au Palais de l’Elysée plus tard dans la journée.

Samedi également, une place située en face de l’université de la Sorbonne, dans le quartier latin de la capitale, sera baptisée du nom de Samuel Paty lors d’une cérémonie qui, selon la mairie, sera “simple et contemplative”.

Des écoles dans au moins trois villes ont déjà été baptisées du nom de Paty, y compris dans la banlieue multiethnique de Valenton, dans l’Est parisien.

Une chorale d'élèves chante lors d'un hommage à l'instituteur assassiné Samuel Paty au lycée Jean-de-la-Fontaine à Paris.

Une chorale d’élèves chante lors d’un hommage à Samuel Paty au lycée Jean-de-la-Fontaine à Paris le 15 octobre 2021. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

Au lendemain d’autres attentats attribués à des extrémistes islamistes, l’anniversaire de la mort de Paty a relancé le débat sur l’intégration et l’immigration dans la société française officiellement laïque, alors que le pays se dirige vers les élections présidentielles de 2022.

Nous n’oublierons pas

Le tueur de Paty, Abdullakh Anzorov, un réfugié tchétchène de 18 ans, a affirmé que l’attaque était une vengeance pour avoir montré à sa classe les caricatures du prophète Mahomet imprimées dans le magazine Charlie Hebdo, un magazine virulemment anti-religieux, lors d’une leçon sur la liberté d’expression.

La leçon a rendu certains parents furieux et a déclenché une furie sur les médias sociaux, avec des rumeurs et des mensonges sur ce qui avait été enseigné.

Le meurtre de Paty a suscité une vague d’émotion en France, avec des dizaines de milliers de participants à des rassemblements dans tout le pays pour défendre la liberté d’expression et le droit de se moquer de la religion.

Mais le président français Emmanuel Macron a déclenché une réaction négative lorsqu’il a déclaré que le pays “ne renoncera pas aux caricatures”. Des contre-manifestations ont eu lieu dans certains pays à majorité musulmane, dont la Turquie, la Libye et la Tunisie.

Vendredi, les écoles de France ont commémoré l’enseignant par une minute de silence, des débats ou la projection de documentaires sur la liberté d’expression.

“Nous n’oublierons pas Samuel Paty”, a déclaré le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer lors d’une visite dans un lycée parisien.

Il avait auparavant qualifié les commémorations “d’occasion de parler du rôle des enseignants, et du savoir”.