Les députés français ont refusé d’examiner un projet de loi transformant le pass sanitaire COVID du pays en pass vaccin dans la nuit de lundi.

C’était une réprimande surprise pour le gouvernement qui avait espéré faire adopter la loi le plus tôt possible.

S’il est approuvé, le laissez-passer restreindrait l’accès à la plupart des lieux publics uniquement aux personnes entièrement vaccinées ou à celles qui se sont récemment remises de COVID-19.

Surtout, cela empêcherait les gens d’obtenir un laissez-passer en montrant un test COVID récent et négatif, comme cela est possible actuellement.

Les présidents des groupes parlementaires se sont réunis mardi matin avant que le projet de loi ne soit à nouveau soumis aux députés.

« Une claque au visage pour le gouvernement »

La suspension surprise, vivement saluée par l’opposition, risque de faire dérailler le calendrier de l’adoption définitive du texte par le Parlement, initialement prévue pour la fin de la semaine.

“C’est une gifle pour le gouvernement”, a déclaré le député Julien Aubert, tandis que Jean-Luc Mélenchon, chef du parti d’extrême gauche la France Insoumise, s’est félicité de la “correction” infligée à Olivier Véran, ministre français de la Santé.

Véran avait souhaité que les législateurs débattent dans la nuit de lundi afin que le projet de loi puisse rapidement passer à la chambre haute.

Le chef du pouvoir En marche ! Le groupe (LREM), Christophe Castaner, a fustigé “l’irresponsabilité” de ceux qui s’opposaient à la prolongation au-delà de minuit.

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait déclaré plus tôt qu’ils feraient “tout ce que nous pouvons” pour s’assurer que le projet de loi est approuvé comme prévu.

La suspension est également intervenue alors que le ministre de la Santé Véran a averti que près de 300 000 nouveaux cas de COVID-19 avaient été enregistrés en France au cours des dernières 24 heures.

Des menaces de mort

Le renforcement proposé des restrictions a généré une nouvelle colère de la part des manifestants anti-vaccins en France, des dizaines de députés ayant signalé des menaces de mort avant le débat sur le nouveau projet de loi.

La semaine dernière, la propriété d’un autre député français dans l’Oise a été incendiée et vandalisée par des manifestants présumés anti-vaccins. Barbara Bessot Ballot de LREM a déclaré qu’au moins 52 députés avaient reçu des menaces “inacceptables” de violence ou de vandalisme.

Dimanche, Agnès Firmin Le Bodo du parti de centre-droit Agir a tweeté une menace graphique qui lui avait été envoyée par courrier électronique de manière anonyme.

Dans l’e-mail, Firmin Le Bodo a été menacé de décapitation par une personne affirmant avoir acheté des couteaux.

Une autre députée, Naïma Moutchou du parti Horizons, a partagé une menace similaire qui a déclaré qu’elle serait « une balle dans votre maison et la tête coupée ».

En réponse aux menaces de mort, Véran a dénoncé “l’égoïsme” des manifestants anti-vaccin et a promis que les responsables des menaces seraient punis.

Lundi, Véran a également exprimé son “soutien indéfectible aux élus” avant le débat.

Le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin a ajouté que la police renforcera les protections des législateurs élus.

“Nous ne céderons pas”, a déclaré lundi au Parlement la députée LREM Yaël Braun-Pivet, ajoutant que la démocratie française “est en jeu”.

Le Premier ministre français Jean Castex a également qualifié les menaces de “violence inacceptable”.

“Si nous parlons de personnes qui ont l’autorité publique, de personnes qui ont le suffrage universel, alors l’usage de la violence est une menace pour la démocratie”, a-t-il déclaré mardi au Parlement.

Un débat tendu au parlement français

Comme de nombreux pays européens, la France a vu des manifestations contre les restrictions de coronavirus ces derniers mois malgré une amélioration des attitudes.

La France a actuellement l’un des taux de vaccination COVID-19 les plus élevés de l’Union européenne avec plus de 91% des citoyens âgés de 12 ans et plus entièrement vaccinés.

Depuis août, les citoyens français doivent présenter soit une preuve de vaccination, soit un test COVID-19 négatif dans de nombreux lieux publics.

Mais le nouveau “pass vaccin” est introduit pour freiner une vague d’infections liées à la variante hautement contagieuse Omicron.

Le gouvernement affirme que la nouvelle réglementation empêchera la France d’avoir à introduire de futurs couvre-feux ou verrouillages. Un test négatif sera toujours suffisant pour accéder aux établissements et services de santé français.

Les personnes trouvées en possession d’un faux pass vaccin encourraient une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende. Les bars et restaurants pourraient également être condamnés à une amende de 1 000 € pour ne pas avoir vérifié le statut vaccinal des clients.

Dans un débat tendu au Parlement, plusieurs députés de l’opposition ont exprimé leur opposition aux nouvelles règles, le législateur de gauche Jean-Luc Melenchon affirmant que la loi proposée créerait une “société totalitaire et autoritaire”.

D’autres ont suggéré que la France devrait se concentrer sur d’autres “armes” pour lutter contre le virus – telles que les masques FFP2 et les tests COVID-19 – ou introduire des mesures uniquement pour les personnes à risque d’infection.

Une manifestation a également eu lieu devant le bâtiment du parlement français à Paris lundi soir.

S’il est adopté, le projet de loi ira ensuite au Sénat français avant d’être adopté et d’entrer en vigueur d’ici la mi-janvier.