La Grande-Bretagne a accordé 23 permis supplémentaires à des pêcheurs français, a déclaré samedi un porte-parole du gouvernement, un jour après la date limite fixée par Paris pour résoudre une bataille post-Brexit sur les droits de pêche.

L’UE avait fixé à Londres la date limite du 10 décembre pour accorder des licences à des dizaines de bateaux de pêche français dans le cadre d’un accord de Brexit signé l’année dernière, Paris menaçant d’une action en justice européenne si aucune avancée n’émergeait.

Les licences ont été accordées vendredi soir après que les fonctionnaires britanniques ont rencontré leurs homologues de l’Union européenne et ont suivi ce que le porte-parole a appelé une “approche fondée sur des preuves” garantissant que les navires sont qualifiés pour travailler dans les eaux britanniques.

Le porte-parole a ajouté que cette approche “assure la stabilité et la durabilité de nos pêcheries”, le Royaume-Uni accordant 18 licences et l’île anglo-normande de Jersey cinq.

L’UE a salué l’accord comme “une étape importante dans un long processus” vers la mise en œuvre de l’accord de Brexit 2020 et a déclaré que le travail se poursuivait pour accorder des licences à sept navires supplémentaires d’ici lundi.

Mais la France a déclaré qu’elle “continuerait à travailler” pour obtenir 80 licences supplémentaires auxquelles, selon elle, sa flotte de pêche a droit.

La France avait précédemment déclaré que 104 de ses bateaux ne disposaient toujours pas des licences d’exploitation dans les eaux britanniques et des îles anglo-normandes qui auraient dû être accordées en vertu de l’accord de Brexit.

Avec les 23 permis accordés samedi, la France est toujours à la recherche de 81 approbations, ayant reçu 1 027 au total jusqu’à présent.

En vertu de l’accord, les pêcheurs de l’UE peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques s’ils peuvent prouver qu’ils y ont pêché.

Action de protestation
“Ce travail s’est accéléré ces derniers jours… La France et l’UE continuent de travailler ensemble pour assurer la pleine application de l’accord de commerce et de coopération”, ont déclaré la ministre de la pêche Annick Girardin et le ministre européen Clément Beaune dans un communiqué commun.

Paris avait menacé de déposer une plainte auprès de la Commission européenne au sujet de ce différend.

L’UE aurait pu imposer des pénalités financières ou même des droits de douane sur les produits britanniques si la Grande-Bretagne était jugée comme manquant à ses engagements.

Selon Bruxelles, quelque 83 navires ont reçu des licences depuis que l’UE a tenté d’intensifier les négociations sur les demandes en suspens fin novembre.

Les pêcheurs français ont perturbé le mois dernier le trafic de ferry et de fret transmanche pour protester contre les dispositions post-Brexit et la perte de commerce qui en résulte.

Une demi-douzaine au port de Calais au nord et au port de Ouistreham en Normandie à l’ouest.

En mai, des chalutiers français protestataires se sont massés devant le port principal de Jersey et ont même provoqué un bref accrochage avec des navires de la Royal Navy.

Le Royaume-Uni est très dépendant des ports français, notamment pour les importations de produits frais, et tout blocus prolongé pourrait avoir un impact significatif.

L’UE et la Grande-Bretagne sont également engagées dans un conflit commercial distinct sur les contrôles des produits entrant dans la province britannique d’Irlande du Nord, après que le gouvernement britannique a unilatéralement reporté l’introduction des contrôles.

Le différend a exacerbé la détérioration des relations bilatérales entre la Grande-Bretagne et la France, qui se sont affrontées cette année dans la Manche, les accords commerciaux post-Brexit et les ventes de sous-marins à l’Australie.