Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate à la présidence du Parti socialiste français, a du mal à faire une percée dans les sondages mais insiste sur le fait qu’elle peut répondre aux attentes de l’électorat.

A deux mois de l’élection présidentielle française, la candidate socialiste Anne Hidalgo est à la traîne dans les sondages et a du mal à se faire remarquer.

“Les vrais sujets sont le budget des ménages, la qualité de vie, les inquiétudes des gens sur l’avenir de leurs enfants, et je pense être en phase avec ces attentes”, a-t-elle déclaré à l’AFP dans une interview mardi.

La maire de Paris, âgée de 62 ans, n’a pas réussi jusqu’à présent à faire entendre sa voix au cours d’une campagne dominée par les débats sur l’immigration, l’identité et la sécurité, portés par l’extrême droite et les conservateurs.

“Il est vrai que l’on est entendu dans les studios de télévision quand on fait des déclarations scandaleuses sur les étrangers ou l’identité française, mais ce n’est pas parce que l’on obtient des clics et des likes avec des discours haineux que c’est ce que souhaite la population dans son ensemble”, a déclaré Mme Hidalgo.

La campagne, marquée par l’émergence d’Eric Zemmour, un animateur de télévision anti-islam, l’a amenée, comme d’autres, à se demander “comment le pays en est arrivé là, avec ce spectacle médiatique qui donne envie de vomir”, a-t-elle déclaré.

La mère de trois enfants a refusé de s’engager dans des attaques personnelles, reste concentrée sur les dépenses sociales et l’environnement, et a évité de s’engager avec Zemmour – contrairement à son rival de la gauche dure, Jean-Luc Melenchon.

Mais cette tactique lui a souvent donné l’impression d’être sur la touche et de manquer de punch politique.

Les socialistes portugais ont peut-être remporté les élections la semaine dernière et les sociaux-démocrates de gauche allemands ont repris le pouvoir, mais il y a jusqu’à présent peu de signes que les socialistes en France évincent le président centriste Emmanuel Macron.

Une gauche fragmentée

Le dernier sondage de lundi suggérait qu’Hidalgo ne remporterait que 3,5 % au premier tour de l’élection du 10 avril.

Un tel résultat serait une nouvelle catastrophe pour son parti, qui a été l’une des forces dominantes de la politique d’après-guerre en France.

Ressent-elle la pression, étant donné qu’un score final inférieur à 5,0 % pourrait signifier un désastre financier pour les socialistes, car ses dépenses de campagne ne seraient pas remboursées par l’État ?

“Pas toute seule. Et ce destin partagé, c’est quelque chose qui vous porte aussi”, dit-elle. “Quand la gauche a été au pouvoir, elle a permis toutes les grandes avancées sociales”.

Les développements récents ont donné à son camp peu de raisons de penser qu’ils sont plus proches de retrouver les gloires passées.

Le champ des candidats de gauche était déjà bien rempli, mais la faiblesse d’Hidalgo a conduit une cinquième personne à entrer dans la mêlée, l’ancienne ministre socialiste de la justice Christiane Taubira, qui a lancé sa candidature en janvier.

Les espoirs d’un candidat commun de gauche ont peut-être reçu le coup de grâce le week-end dernier lorsqu’une “primaire populaire”, un vote en ligne de près de 400 000 partisans de gauche, a soutenu Taubira.

Mais tous ses rivaux ont rejeté le résultat, y compris Hidalgo, qui se retrouve en cinquième position.

Mélenchon, un ancien trotskiste, semble le mieux placé pour défier les trois têtes de liste dans les sondages : Macron, la leader d’extrême droite Marine Le Pen et la conservatrice Valérie Pécresse.

Réticent

Les explications de la disparition du parti socialiste français en tant que force politique nationale sont nombreuses et variées.

Beaucoup pointent du doigt l’ex-président François Hollande dont le quinquennat 2012-2017 s’est terminé en calamité lorsqu’il a décidé de ne pas se présenter pour un second mandat après une série de gaffes et des chiffres catastrophiques dans les sondages.

“Je dis aux gens ‘nous avons appris de nos erreurs, vous devez le reconnaître'”, a ajouté Mme Hidalgo.

“Il y a une nouvelle génération autour de moi qui se lance dans la politique nationale avec cette campagne”.

La fille d’immigrés espagnols née en Andalousie admet qu’elle était initialement réticente à se présenter, alors qu’elle vient de remporter un second mandat de maire de Paris en 2020 et avant les Jeux olympiques de Paris en 2024.

Elle reconnaît que le Premier ministre portugais Antonio Costa l’a convaincue.

“Il m’a dit… ‘Vous devez être celui qui réveille la famille socialiste, sociale-démocrate en France'”, a-t-elle déclaré.

“Je me suis dit que je ne pourrais pas me regarder en face si notre pays ratait une nouvelle occasion d’aborder sa transition vers une économie verte et la question des inégalités.”