La gauche française sous pression au sujet de la violence contre les femmes

Julien Bayou arrivant pour une réunion avec le Président français en juin. Il a été “suspendu de son rôle” de co-président du bloc des Verts en raison d’allégations d’abus. Verts en raison d’allégations d’abus. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)

Julien Bayou a été “suspendu de son rôle” de co-président du bloc des Verts à l’Assemblée nationale (chambre basse), a annoncé le parti mardi soir, après avoir été accusé de violences psychologiques sur une ex-compagne.

“Nous sommes un parti féministe, et donc nous nous mettons au service du témoignage des femmes (…) nous avons reconnu que la seule façon de montrer que nous ne faisions pas semblant et que nous ne nous cachions pas était une suspension temporaire”, a déclaré Sandra Regol, vice-présidente du groupe des députés Verts, à la chaîne Franceinfo mercredi.

L’un des députés les plus en vue de la France insoumise (LFI) – alliée aux Verts dans une large alliance de gauche contre le président Emmanuel Macron – Adrien Quatennens a reconnu dimanche avoir giflé sa femme.

Il a démissionné d’un rôle important de coordinateur du parti.

Le leader du parti et triple candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a pris la défense d’Adrien Quatennens sur Twitter, dénonçant “la mauvaise volonté de la police, le voyeurisme des médias et les réseaux sociaux”, tout en saluant la “dignité” et le “courage” de son protégé.

Ce n’est que plusieurs heures plus tard que Mélenchon a posté un autre message faisant un geste en direction de la femme de Quatennens – trop tard pour de nombreuses critiques.

La première ministre de Macron, Elisabeth Borne, a déclaré mardi qu’il était “extrêmement choquant d’avoir quelqu’un qui minimise la violence domestique”.

Et quelque 550 militantes féministes ont cosigné mercredi un éditorial du quotidien de gauche Libération demandant à Quatennens de démissionner de son siège au parlement.

“Quand un groupe politique soutient un programme féministe, nous sommes en droit d’attendre qu’il cesse de protéger les agresseurs”, ont-ils écrit, énumérant une série d’autres personnalités de gauche qui ont été accusées d’agression et même de viol.

“Ce n’est pas aux amis de l’agresseur de juger de la gravité du crime et de demander que leur vie privée soit respectée. La vie privée est politique.”

Les Verts et la LFI ont tous deux mis en place des panels internes pour enquêter sur les allégations de harcèlement et d’agressions sexuelles.

Un rapport sur Bayou a été soumis au panel d’écologistes en juillet, ce qui a suscité des allégations selon lesquelles l’enquête avait progressé trop lentement. “

Ce sont des bénévoles qui travaillent sur des affaires sensibles par définition.

Il faut du calme et du temps pour recueillir les témoignages et prendre les décisions nécessaires”, a déclaré Marine Tondelier, qui devrait bientôt se présenter à la tête des Verts.

Les allégations de harcèlement sexuel, voire d’agressions, sont monnaie courante dans la politique française et dépassent largement le cadre de la gauche.

En juillet, Damien Abad, un ministre du gouvernement centriste de Macron fraîchement installé, a été contraint de démissionner suite à des allégations de viol.

Il nie ces allégations et a depuis retrouvé son siège au parlement.