DERNIER: Un tiers des stations-service françaises touchées par des pénuries alors que la grève se poursuit

Des véhicules font la queue pour faire le plein dans une station-service TotalEnergies en périphérie de Lyon, le 10 octobre 2022. (Photo par JEFF PACHOUD / AFP)

La misère a continué pour les conducteurs en France mardi avec près d’un tiers (29,4%) des stations-service à travers le pays qui ont encore du mal à répondre à la demande en raison des pénuries de carburant lundi soir.

Les pénuries ont entraîné d’énormes files d’attente dans certaines stations-service, tandis que d’autres se sont complètement asséchées.

Il n’y avait toujours aucun signe de solution à la crise en cours, la CGT annonçant qu’elle poursuivrait sa grève dans les raffineries de pétrole et étendrait l’action à plus d’une douzaine de stations-service le long des autoroutes françaises.

En réponse, le porte-parole du gouvernement français, Olivier Véran, a déclaré mardi à la chaîne de radio RTL que les blocus devaient être levés “sans délai” et menacé d’intervention du gouvernement.

Le gouvernement a déjà été contraint de prendre des mesures pour essayer de s’assurer que les conducteurs puissent obtenir le carburant dont ils ont besoin.

L’achat et la vente de carburant dans un bidon (ex. jerricans, ou parier sur en français) a été interdite dans tout le pays.

« La grève a trop duré et elle a des conséquences », a déclaré Véran. « Je suis totalement du côté des Français et des automobilistes. Le gouvernement demande que tous les blocus soient levés sans délai, sinon, le gouvernement assumera ses responsabilités, c’est-à-dire la levée [the blockades].”

Pour faire en sorte que la situation revienne “à la normale”, le gouvernement pourrait “réquisitionner du personnel qualifié” selon Véran.

Des sentiments similaires ont été repris par Clément Beaune, le ministre des Transports, qui a déclaré mardi matin à la radio RMC que “nous ne laisserons pas le blocus continuer” et que si la situation n’est pas résolue “nous prendrons des mesures supplémentaires”.

Véran avait signalé qu’un accord avait été trouvé entre les travailleurs des raffineries exploitées par Esso-ExxonMobil, affirmant qu'”il n’y a plus de raison qu’il y ait des blocages” dans ces centres.

Néanmoins, les syndicats représentant les travailleurs des raffineries de TotalEnergies n’étaient parvenus à aucun accord mardi, et ceux de la branche française d’Esso-ExxonMobil ont également renouvelé mardi leur appel à la grève, rejetant une offre salariale de la direction.

Véran a également déclaré qu’il estime qu’il faudra “quelques jours” pour retrouver “un fonctionnement normal” dans les régions les plus touchées. Cependant, il a assuré aux auditeurs que “ce serait le cas dans les 15 prochains jours” – avant les vacances scolaires d’automne.

Il a ajouté qu’une fois l’accès aux raffineries et aux dépôts libre, il faudrait environ deux semaines pour que la situation du carburant revienne à la normale.

Les commentaires du porte-parole du gouvernement sont intervenus après que la Première ministre Elisabeth Borne a tenu une réunion spéciale tard dans la nuit avec les ministres lundi soir pour faire face à la situation.

Un porte-parole du bureau du Premier ministre a déclaré que “le gouvernement ne peut pas permettre que le pays soit bloqué”.

Selon BFMTV, lors de la réunion, les ministres ont envisagé de contraindre les salariés des raffineries à reprendre le travail.

Le ministère français des Transports a transmis lundi la directive interdisant les jerricans aux autorités locales à travers le pays.

Certaines préfectures – celles de la Meuse, des Yvelines, de l’Eure-et-Loir, de la Seine-Saint-Denis, du Vaucluse, des Vosges, du Val-d’Oise, du Pas-de-Calais, du Nord et de la Somme – avaient déjà repris cette règle, selon Franceinfo.

Dimanche, certaines régions restaient plus touchées que d’autres par les pénuries de carburant – plus de la moitié des gares du nord de la France (notamment dans les Hauts-de-France et le Pas-de-Calais) étaient impactées, tandis qu’en région parisienne, le chiffre était de plus près de 44,9 %, selon la ministre française de l’Environnement, Agnès Pannier-Runacher.

En réponse aux pénuries, de nombreux automobilistes se sont tournés vers les médias sociaux pour échanger des conseils. Un message dans un groupe Facebook lundi a déclaré qu’une station-service BP locale serait réapprovisionnée “à 14h30”. Un autre a répondu: “Il est maintenant 14h37 et ils n’ont plus de diesel.” Un autre utilisateur a réagi: “Quel gâchis.”

La crise pétrolière survient dans un contexte de prix élevés de l’énergie et d’inflation qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages français.

La France ne manque pas de carburant dans le pays, l’enjeu réside dans les livraisons des raffineries aux stations-service, à cause des blocages des grévistes qui réclament des augmentations de salaire en raison de la crise du coût de la vie.