Graves dysfonctionnements dans l'unité de recherche française dirigée par Didier Raoult

Didier Raoult. (Photo : Christophe Simon / AFP)

Les conclusions de l’enquête conjointe de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur l’IHU de Marseille ont conduit le ministre de la Santé François Braun et la ministre de la Recherche Sylvie Retailleau à saisir le procureur de la République de la ville pour qu’il enquête sur les “graves dysfonctionnements” de l’établissement.

Raoult a dirigé l’unité depuis sa création en 2011 jusqu’à son départ à la retraite cet été.

Le microbiologiste controversé a gagné une attention mondiale significative pendant la pandémie de Covid-19 pour sa promotion véhémente de .

Pierre-Edouard Fournier lui a succédé au poste de directeur.

Les ministres ont déclaré qu’un certain nombre de points mis en évidence dans le dernier rapport sont “susceptibles de constituer des infractions ou des manquements graves à la réglementation en matière de santé ou de recherche”.

Fournier, ainsi que les sept membres fondateurs de l’institut – dont l’Université d’Aix-Marseille, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, l’Institut de Recherche pour le Développement ou le service de santé des armées – seront désormais sommés par leurs tutelles de “mettre en œuvre dans les meilleurs délais un plan d’action volontariste” qui “conditionnera la poursuite de l’activité de l’IHU-MI et son financement par l’Etat”, selon le communiqué conjoint des ministres.

L’IHU faisait déjà l’objet d’une enquête judiciaire pour “faux en écriture”, “usage de faux en écriture”, et “recherche interventionnelle sur une personne humaine non justifiée par ses soins habituels sans avoir obtenu l’avis du comité de protection des personnes et l’autorisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)”, a indiqué mardi le parquet de Marseille.

Dans un précédent rapport, l’ANSM avait relevé des “manquements graves à la réglementation des recherches impliquant la personne humaine”, lors de certains essais cliniques.

François Crémieux, directeur des hôpitaux publics de Marseille, a déclaré mardi au journal local La Provence que l’établissement “partage le constat de dérives managériales de certains cadres hospitalo-universitaires occupant des fonctions clés au sein du pôle maladies infectieuses”.

“La légitimité de l’IHU a été affectée. Elle a perdu sa crédibilité scientifique. Il faut maintenant la reconquérir. 800 professionnels hautement qualifiés y travaillent chaque jour”, a-t-il ajouté.

Raoult s’est attaqué au rapport dans un tweet, disant : “Je regrette que la mission IGAS/IGAENR ne tienne pas compte de la réponse juridique et scientifique détaillée que j’ai apportée”.

Par ailleurs, M. Raoult se présentera vendredi devant les juges dans le cadre de son procès en diffamation contre Karine Lacombe, professeur de maladies infectieuses à la faculté de médecine de Sorbonne Université.