L’île de Madagascar, autrefois verdoyante, est en train de se transformer en un désert rouge et de faire face à une grave crise alimentaire, considérée comme la première “famine due au changement climatique” au monde.

La quatrième plus grande île de la planète et l’un de ses écosystèmes les plus diversifiés, Madagascar compte des milliers d’espèces endémiques de plantes et d’animaux tels que les lémuriens. Mais dans ses régions de l’extrême sud, la réalité sur le terrain a changé.

Comme il reste très peu d’arbres pour ralentir le vent dans ces terres autrefois fertiles, le sable rouge est projeté partout : sur les champs, les villages et les routes, et dans les yeux des enfants qui attendent leurs colis de nourriture.

Quatre années de sécheresse, liées par les Nations Unies au changement climatique, ainsi que la déforestation causée par le brûlage ou l’abattage des arbres pour la fabrication de charbon de bois et l’agriculture, ont transformé la région en un bol de poussière.

Cette période d’années de sécheresse, de déforestation, de dommages environnementaux, de pauvreté et de croissance démographique a conduit à une crise alimentaire majeure dans le sud de Madagascar où plus d’un million de personnes ont actuellement besoin d’une aide alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM), une agence des Nations Unies.

Au plus fort de la crise alimentaire dans le sud, le PAM a averti que l’île risquait de connaître “la première famine mondiale due au changement climatique”. Cependant, la situation s’améliore après des mois d’intervention.

Theodore Mbainaissem, qui dirige les opérations du PAM dans les zones les plus touchées du sud de Madagascar, a déclaré que les schémas météorologiques avaient changé de manière irréversible ces dernières années.

“Si vous demandez aux anciens ‘pensez-vous qu’il va pleuvoir’, ils disent qu’ils ne savent pas. Avant, ils pouvaient dire d’après la position de la lune quand il allait pleuvoir, mais les gens n’arrivent plus à analyser”, dit Théodore Mbainaissem, chef du PAM pour Androy et Anosy.

Mbainaissem a déclaré qu’après des mois d’action du PAM, d’autres organisations d’aide et des autorités locales, le pire de la crise alimentaire est passé.

Mais le travail est loin d’être terminé. Alors que les villageois vivant dans une pauvreté extrême continuent à couper des arbres pour cultiver la terre, le groupe d’experts sur le changement climatique du GIEC des Nations Unies prévoit que les sécheresses continueront à être un problème.

Alors que certains scientifiques affirment que la situation actuelle se situe dans la fourchette normale des schémas météorologiques de Madagascar, tout le monde s’accorde à dire que la crise alimentaire montre un pays qui a déjà du mal à faire face.