Emmanuel Macron et le gouvernement français sont confrontés à un choix difficile concernant leurs restrictions Covid, et les considérations ne sont pas seulement liées à la santé, déclare John Lichfield.

Que doit faire un mauvais gouvernement ? Il y avait des signes clairs la semaine dernière que la France traversait sa cinquième vague de la pandémie de Covid. Maintenant, les cadrans tournent dans des directions différentes.

Les cas aigus diminuent pour la première fois depuis octobre, mais les nouveaux cas – qui sont à 97% Omicron – sont toujours en plein essor. Il y a eu plus de 400 000 cas de Covid en France au cours de chacun des deux derniers jours. Du jamais vu.

D’abord la bonne nouvelle. En France comme ailleurs, il est clair qu’Omicron est moins dangereux que Delta ou ses prédécesseurs. Le nombre de patients entrant en soins aigus diminue fortement à mesure que les restes de la vague Delta s’atténuent.

Maintenant la mauvaise nouvelle. Il existe des preuves qu’une nouvelle forme d’Omicron – une variante d’une variante – se répand au Danemark, en Belgique et maintenant en France. La sous-variante – Omicron BA.2 – est plus difficile à identifier avec les tests existants. Il a été surnommé “l’Omicron furtif”.

Jusqu’à présent, il ne semble pas être plus dommageable qu’Omicron One, que nous devrions peut-être maintenant appeler Omicron “rien à cacher”. Les experts craignent que cela n’explique la nouvelle vague de cas cette semaine. Ce pourrait même être le début d’une toute nouvelle vague – s’empilant sur la première vague Omicron juste nous alors qu’Omicron s’empilait sur la vague Delta en décembre.

Le professeur Antoine Flahaut de l’Université de Genève et Karine Lacombe, responsable des maladies infectieuses à l’hôpital Paris Saint-Antone, ont tous deux averti cette semaine que la pandémie est loin d’être terminée.

Le Dr Lacombe a déclaré qu’Omicron – sous toutes ses formes – semblait être une “toute nouvelle maladie”, plus virulente que les autres formes de Covid mais considérablement moins nocive. Elle a dit qu’Omicron semblait principalement affecter le nez et la gorge, et non attaquer les poumons.

Alors, qu’est-ce qu’un mauvais gouvernement doit faire ? Il y a quelques jours, le gouvernement français se préparait clairement à encaisser ses gains sur son pari de décembre de NE PAS verrouiller le pays pour la quatrième fois. Les ministres ont parlé de signes clairs que la vague Omicron culminait avec le système hospitalier non submergé.

Le pari de décembre a été confirmé jusqu’à présent. Les admissions en soins aigus ont diminué de 16 % en une semaine. Tout de même, une vague montante d’Omicron, 1 ou 2, même si elle est moins meurtrière que Delta, pourrait encore mettre les hôpitaux à rude épreuve.

A moins de trois mois de l’élection présidentielle, le président Emmanuel Macron est de nouveau confronté à un dilemme. Agit-il dans l’intérêt supérieur de la santé de la nation ? Ou se laisse-t-il influencer par l’élection qui approche à grands pas ?

La réponse semble être que le gouvernement donnera un coup de pied pour toucher.

Le Conseil de défense sanitaire s’est réuni ce jour sous la présidence d’Emmanuel Macron. A qui devrait annoncer un calendrier pour assouplir les règles sur le travail à domicile et le nombre de personnes autorisées dans les espaces publics. Rien ne changera pendant au moins deux semaines.

Macron a été frustré par les développements de Covid, bons et mauvais, d’autres manières ces derniers jours.

Une étude internationale duConseil d’analyse économique – en utilisant des experts français, britanniques et autres – a constaté que la décision de Macron d’imposer un laissez-passer sanitaire en juillet dernier. Il y a eu 12 000 morts du Covid en France entre juillet et décembre. Si le taux de vaccination n’avait pas été rapidement boosté par le pass santé, il y en aurait eu 16 000.

« Faire chier » (phrase de Macron) les anti-vaccins et les anti-passants était tout à fait justifié, semble-t-il.

L’étude du pass santé a été largement relayée en France mais a été éclipsée – sans doute à la fureur de Macron – par la tempête médiatique autour des vacances de Monsieur Blanquer.

Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a été révélé mardi avoir annoncé des changements de dernière minute et désastreux aux règles de test de Covid à l’école lors d’une courte lune de miel à Ibiza.

Une deuxième journée de grève des enseignants et des élèves contre les nouvelles règles a lieu aujourd’hui. Manifestants en bikini et masques Blanquer – une erreur là-bas, sûrement? – réunis devant le ministère de l’éducation.

La saga d’Ibiza EST dommageable. Blanquer avait parfaitement le droit, selon les règles du cabinet, de prendre une lune de miel de trois jours au cours de la nouvelle année. Annoncer des règles qui se sont immédiatement avérées irréalisables depuis une station espagnole haut de gamme était, comme il l’a lui-même admis, symboliquement stupide.

La fureur de Macron est compréhensible. Sa décision de garder les écoles ouvertes après le premier confinement a été l’un de ses succès pandémiques – et de celui de la France. Le chaos dans les tests scolaires, qui a commencé avant les vacances de M. Blanquer, a injustement dévalué cette réussite.

Alors qu’est-ce qu’un pauvre président, à 80 jours du premier tour d’une élection présidentielle, doit faire ? Qu’il lève les restrictions trop tôt ou qu’il refuse de les lever, il sera malmené par ses rivaux.

Macron a lui-même parfois cherché à utiliser la pandémie à des fins électorales. Et pourtant, son record Covid l’année dernière – comme le prouvent les 4 000 vies sauvées – est plutôt bon.

La pandémie va-t-elle lui jouer un dernier tour ?