Emma Haziza, hydrologue et présidente de l’organisme de recherche de la Mayenne, a répondu aux questions de The Local sur la situation actuelle de la sécheresse.
Comment cette sécheresse se compare-t-elle aux années précédentes ?
Quand on regarde les années précédentes, la France a connu quatre années de sécheresse historique en 2017, 2018, 2019 et 2020.
L’année dernière (2021) a connu des précipitations plus importantes en raison d’un front d’air polaire froid qui s’est installé sur la France et a joué un rôle en générant beaucoup de précipitations. Mais même en regardant l’année dernière, nous pouvons constater qu’en dehors de la France, il y avait déjà des températures anormalement élevées.
En 2017, 18, 19 et 20, il y avait encore une très bonne quantité d’eau souterraine qui a été remplie pendant les mois d’hiver. Cela montre que même avec une bonne quantité de précipitations en hiver, l’été a quand même été historiquement sec.
Cependant, cette année, les nappes phréatiques n’ont pas été suffisamment remplies en raison des faibles précipitations de l’hiver.
Nous avons déjà connu trois vagues de chaleur et nous en attendons une quatrième. Nous avons connu des températures supérieures à la moyenne, le mois de mai ayant été le plus chaud enregistré en France.
Cela signifie que même si les nappes phréatiques étaient suffisamment remplies pendant l’hiver, nous serions toujours en mauvaise posture – mais notre situation actuelle est encore pire en raison des faibles précipitations de l’hiver.
Quelles sont les régions qui risquent d’être les plus touchées par la sécheresse ?
Il s’agit de l’ensemble du pays, mais en particulier tout le bassin de la Loire, le long de la Méditerranée, et la région Grand-Est (dans l’est de la France) seront touchés. La côte atlantique sera également touchée, car elle a connu essentiellement des anticyclones et quasiment aucune pluie depuis janvier.
En définitive, les situations locales de sécheresse dépendent moins de la région de la France que du type d’aquifère – si la nappe phréatique est profonde et pleine.
Des nappes plus superficielles alimentent les rivières et beaucoup d’entre elles s’assèchent également.
Cela signifie-t-il que le Nord et l’Ouest peuvent s’attendre à être touchés également ? Ces régions pourraient-elles aussi avoir besoin de restreindre l’utilisation de l’eau par les ménages ?
Oui, cela signifie que le Nord (et la Bretagne) pourraient également être touchés.
Le manque d’eau au robinet fait son chemin dans tout le pays – cela dépend des nappes phréatiques, pas du fait qu’un village soit au Nord ou au Sud.
Nous pensions autrefois que le changement climatique concernait d’abord le Sud, mais les canicules s’avèrent accélérer la sécheresse et ont un impact sur le Nord et l’Ouest également. C’est comme un sèche-cheveux sur toute la France.
Combien de temps cela peut-il durer ?
Comme les prévisions n’indiquent pas de pluie pour bientôt, la situation pourrait s’aggraver au mois de septembre. Cela signifie que dans de nombreuses régions du pays, nous pourrions devoir attendre jusqu’en octobre pour voir les nappes phréatiques commencer à se remplir à nouveau.
En 2017, la sécheresse n’a pas pris fin avant décembre et cette année pourrait être similaire pour les localités qui ne reçoivent pas de pluie. Cela signifie que nous devrons continuer à approvisionner les villages en faisant venir des camions remplis d’eau.
Avec la sécheresse, nous pouvons également nous attendre à ce que, lorsqu’il pleut, il y ait des inondations soudaines.
Comment les gens peuvent-ils rester informés ?
Le site gouvernemental Propluvia.fr permet de voir le niveau des eaux souterraines et de savoir si elles ont atteint un état critique ou non, ainsi que de se tenir au courant des restrictions d’eau dans votre région.
Vous pouvez également vous tenir au courant des dernières restrictions sur .
