Le premier rassemblement électoral du coureur d’extrême droite français Eric Zemmour a été entaché de plusieurs incidents violents contre des manifestants antiracistes, les médias et même le candidat lui-même. Est-ce un signe inquiétant de l’avenir de la campagne présidentielle française ?

La police française à Paris était en état d’alerte à Paris dimanche.

Ils craignaient de violents affrontements entre des manifestants d’extrême gauche et antiracistes et des partisans du candidat présidentiel d’extrême droite controversé Eric Zemmour qui tenait son premier rassemblement électoral en dehors de la capitale

Bien qu’il n’y ait pas eu de troubles de masse, il y a eu suffisamment d’incidents pour inquiéter les autorités françaises et le public sur ce qui pourrait se passer au cours des prochains mois au cours de ce qui promet d’être une campagne électorale très conflictuelle.

Tout d’abord, un homme a semblé se précipiter sur Zemmour alors qu’il traversait la foule pour se rendre sur scène. Ses motivations n’étaient pas claires, mais cela a laissé le candidat anti-islam et anti-immigration avec une blessure au poignet.

Ensuite, dans des scènes, de nombreux commentateurs ont déclaré qu’ils rappelaient un rassemblement de Donald Trump,

Des coups de poing ont été lancés avec des chaises tandis qu’un partisan de Zemmour a été vu en train de frapper l’une des manifestantes. Les manifestants de SOS Racisme ont été chassés de la salle et au moins deux d’entre eux saignaient de leurs blessures.

Une équipe de l’émission d’information télévisée Quotidien, populaire mais critique, a également été huée et renvoyée par la sécurité, l’hostilité envers les médias étant une caractéristique des discours prononcés lors de l’événement. Des journalistes du site d’investigation Mediapart ont rapporté avoir été agressés par des partisans de Zemmour.

Au total, 62 personnes ont été arrêtées, dont l’homme qui a attrapé le candidat d’extrême droite.

Les réactions à la violence et à la possibilité de nouveaux troubles ont été mitigées.

Dans des commentaires publiés dans Le Monde, Antoine Diers, porte-parole du nouveau parti de Zemmour – La Reconquête – a minimisé les violences de dimanche. “S’il y a eu un usage excessif de la force, je le regrette, mais je trouve qu’avec toutes les provocations que nous subissons, nous sommes vraiment très calmes”, a-t-il déclaré.

D’autres à droite de la politique française ont été au mieux tièdes dans leur condamnation de la violence.

Valérie Pécresse, qui brigue la présidence comme la candidate des Républicains a confié France Inter: « Les provocations en réunion existent et elles ne sont jamais très gentilles. J’en ai eu, comme tout le monde. Nous devrions interdire autant que possible la violence dans les rassemblements – dans les deux sens car l’extrême gauche est parfois ultra-violente lors des rassemblements. »

Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur et chef du parti LREM de Macron à l’Assemblée nationale, était l’un des principaux détracteurs de l’incident de dimanche.

“On voit bien que l’extrême droite, qu’elle ait le visage d’Eric Zemmour ou de quelqu’un d’autre, ne change pas”, a-t-il déclaré. Europe 1. « L’extrême droite est portée par des attaques violentes contre ses opposants et par la violence des attentats contre la France.

Les violences et les manifestations de dimanche sont-elles un signe inquiétant des choses à venir en France au cours des cinq prochains mois

La France n’a pas connu d’actes de violence majeurs lors d’une campagne présidentielle depuis que Jean-Marie Le Pen s’est présenté comme candidat du Front national dans les années 1990.

Bien que SOS Racisme n’ait pas encore déclaré qu’ils continueraient à manifester lors des rassemblements de Zemmour, il est probable que les manifestations se poursuivront. Dimanche, des milliers de personnes ont défilé contre le candidat à Paris et ailleurs dans le pays.

Erwan Lecoeur, spécialiste de l’extrême droite française, dit qu’il est probable que la campagne de Zemmour continuera de semer le trouble.

« La campagne d’Eric Zemmour attise la haine depuis des mois, avec des violences [verbal] attaques de groupes entiers de la population comme les musulmans, les immigrés, les migrants et les femmes. Il est entouré de personnes sujettes à la violence et qui pratiquent la violence. Alors oui, on peut s’attendre à ce que la violence soit un élément tout au long de cette campagne présidentielle », a-t-il déclaré.

« Le chaos et la confusion sont dans son intérêt. Elle lui permet de se poser en victime du « système » qui est déterminé à mettre fin à sa campagne, à diviser ses opposants et à créer un climat malsain qui permet à Zemmour d’imposer son idée d’une « guerre civile naissante », dans laquelle il se présente comme un défenseur de l’Occident chrétien, et le seul capable de réveiller la combativité française.

« Il y a un phénomène très dangereux qui s’est propagé dans les sociétés démocratiques depuis des années et semble éclater en France. Quand on regarde les autres pays, on ne peut pas dire que le pire est impossible. En Inde, les hindous-nationalistes-fascistes sont au pouvoir et il y a eu des explosions de violence avec de nombreux morts. Aux États-Unis et au Brésil, la violence a été un moteur majeur qui a submergé la politique. »

Les violences de dimanche sont pourtant le dernier exemple de controverse à avoir braqué les projecteurs sur la campagne de Zemmour – c’est probablement ce que voulait le candidat.

Zemmour a une opération médiatique très réussie », a déclaré Claire Sécail, un sociologue spécialisé dans la communication politique.

« Il joue la carte du diable pour capter l’attention des médias. Nous pouvons voir que cela l’a propulsé dans l’œil du public. »

Les sondages actuels placent Zemmour au troisième rang après Emmanuel Macron et entre Marine Le Pen. Il devrait gagner au moins sept points de pourcentage de soutien du public pour avoir une chance de se qualifier pour le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2022.

Reste à savoir si Zemmour recueillera même suffisamment de signatures de soutien (parrainages) auprès d’élus pour pouvoir se présenter légalement à la présidence.