Le président Emmanuel Macron a inauguré cette semaine un musée consacré au souvenir de l’affaire Dreyfus, l’un des scandales politiques les plus humiliants de l’histoire de France.

“N’oubliez rien de ces combats passés, car ils disent que le monde dans lequel nous vivons, comme notre pays, comme notre République, ne sont pas acquis”, a déclaré Macron lors d’une visite au musée Dreyfus, accompagné du grand rabbin de France Haïm Korsia, et de l’ancien Premier ministre Manuel Valls.

Le musée est situé à Maison Zolala maison de l’écrivain Émile Zola, dans les Yvelines, en région parisienne. Il rouvre ses portes au public le jeudiaprès avoir été fermée pour rénovation depuis octobre 2011.

La fameuse lettre ouverte J’accuse ! de Zola, publiée en 1898, excusait le gouvernement de l’époque pour sa gestion de l’affaire Dreyfus.

“Il y a dans ce musée ce qui est indissociable de ce qui fait la Nation et de ce qui fait la République française : les idéaux, l’amour de la langue et ce goût de la vérité et de la justice”, a ajouté Macron.

“Vous répétez l’importance de ce destin si particulier, de cet homme qui a subi le pire ; l’humiliation, le silence, l’isolement. Rien ne réparera ces humiliations mais ne les aggravez pas en les laissant oubliées, aggravées ou répétées.”

Le musée rappelle l’Affaire Dreyfus, un scandale politique qui a fait honte à la France pendant des décennies, et contient plus de 500 documents cruciaux, notamment les fausses allégations contre l’ancien militaire.

En 1894, le capitaine de l’armée Alfred Dreyfus, né dans une riche famille française d’origine juive, est arrêté à tort pour espionnage. Un an plus tard, il est publiquement déchu de son grade et transporté à vie sur l’île du Diable en Guyane française – tandis que la presse de droite en France attise le sentiment antisémite.

Mais un nouveau chef des services de renseignements annonce qu’il a trouvé des preuves impliquant un major dans les crimes pour lesquels Dreyfus a été condamné.

Malgré une tentative de dissimulation, le scandale est révélé à la presse. Le major est secrètement acquitté par la cour martiale et s’enfuit en Angleterre. Un second procès en 1899 se termine par un nouvel acquittement.

Dreyfus est officiellement innocenté en 1906 – huit ans après la lettre ouverte de Zola “J’accuse !” au président de l’époque Félix Faure, imprimée en première page du journal L’Aurore.

Dans cette lettre, Zola accusait le gouvernement d’antisémitisme et d’emprisonnement illégal.

Bien que son innocence ait été prouvée, Dreyfus continue à être maltraité par la presse de droite. Il est abattu de deux balles lorsqu’il assiste à la cérémonie d’inhumation de Zola au Panthéon.

Malgré son traitement, Dreyfus est resté fidèle à la France et a poursuivi sa carrière dans l’armée – il a même servi en première ligne, à l’âge de 50 ans, pendant la Première Guerre mondiale. Il est mort à Paris en 1935.

La Maison Zola/Musée Dreyfus se trouve au 26 rue Pasteur, 78670 Medan et est ouverte du mercredi au dimanche. Les billets sont de 9,50 € pour les adultes et doivent être réservés en ligne à l’avance – détails complets. ici.