Ahmed Al-Raisi, un général émirati accusé d “avoir supervisé des actes de torture, a été élu président d “Interpol, a annoncé jeudi l “organisation internationale de police.

Le général de division Ahmed Naser Al-Raisi, inspecteur général au ministère de l’Intérieur des Emirats arabes unis, était déjà membre du comité exécutif d’Interpol.

Al-Raisi a été lié à la torture de prisonniers politiques très médiatisés dans son pays, notamment Ahmed Mansoor, un dissident émirati, et Michael Hedges, un universitaire britannique qui a été accusé d’espionnage en 2018 et condamné à la prison à vie. Hedges a ensuite été gracié, mais Mansoor reste en prison.

Des plaintes pénales ont été déposées contre lui dans cinq pays, notamment en France, où Interpol a son siège, et en Turquie, où l’élection a eu lieu.

Ses détracteurs craignent qu’il n’utilise la portée mondiale d’Interpol pour appréhender des dissidents en exil et même des opposants politiques dans son pays, au lieu de traquer les trafiquants de drogue, les trafiquants d’êtres humains, les suspects de crimes de guerre et les extrémistes présumés.

La candidature d’Al-Raisi a suscité des protestations en Europe. Les législateurs français ont demandé directement au président Emmanuel Macron d’intervenir. Des députés allemands ont affirmé que sa nomination contredisait la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Al-Raisi dit qu’il veut utiliser son mandat de quatre ans pour moderniser Interpol.

Les EAU ont été accusés de tenter d’acheter de l’influence au sein d’Interpol afin de graisser les rouages de la candidature d’Al-Raisi, selon un récent rapport de Sir David Calvert-Smith, l’ancien directeur des poursuites publiques du Royaume-Uni.

En 2017, les Émirats arabes unis ont fait un don de 50 millions d’euros à la Fondation pour un monde plus sûr d’Interpol, une organisation à but non lucratif avec des bureaux à Genève que Calvert-Smith décrit comme “un canal par lequel l’argent du gouvernement des Émirats arabes unis est acheminé vers Interpol”.

L’élection du président est suivie de près depuis que le tout premier président chinois de l’organisme, Meng Hongwei, a disparu à mi-parcours de son mandat lors d’un voyage de retour en Chine en 2018.

Il est apparu par la suite qu’il avait été placé en détention, accusé de corruption et d’autres crimes présumés. Interpol a alors annoncé que Meng avait démissionné de la présidence.

Un vice-président, le Sud-Coréen Kim Jong Yan, a été rapidement élu pour le remplacer jusqu’à la fin du mandat de Meng.

La présidence de Kim devait prendre fin en 2020, mais son mandat a été prolongé d’un an après que la pandémie de coronavirus ait incité Interpol à annuler son assemblée annuelle l’année dernière.