Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu mardi avec ses rivaux pour tenter de trouver des “solutions constructives” pour former un gouvernement qui fonctionne, selon l’Elysée.

Certains de ses alliés ont prôné une “grande coalition” ou un gouvernement d'”union nationale” impliquant d’autres partis.

Macron aura probablement besoin du soutien d’un ou de plusieurs petits partis pour faire adopter ses réformes clés par l’Assemblée nationale, après avoir perdu sa majorité absolue lors du deuxième tour des élections législatives de dimanche.

Six des opposants politiques de Macron sont arrivés les uns après les autres à l’Elysée mardi, dont la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen.

D’autres pourparlers devraient avoir lieu mercredi, mais jusqu’à présent, Jean-Luc Mélenchon – le chef du prochain plus grand bloc à l’Assemblée nationale, des patries d’extrême gauche, socialistes et verts – ne devrait pas encore faire son apparition. Cependant, d’autres personnalités du mouvement doivent rencontrer le président.

Le Premier ministre reste en place

La première ministre Elisabeth Borne a proposé sa démission mardi – comme l’avaient demandé plusieurs chefs de parti – mais celle-ci a été refusée par le président Macron dont le bureau a déclaré qu’elle était nécessaire pour assurer le fonctionnement quotidien du gouvernement pour l’instant.

La décision a été vivement critiquée par certains partis d’opposition, notamment au sein du parti “La France Insoumise” de Mélenchon (“La France insoumise”), ainsi qu’à droite.

“C’est assez spectaculaire de voir qu’Emmanuel Macron ne semble tirer aucune conséquence de l’élection” et de “sa cuisante défaite électorale”, a déclaré à l’Assemblée nationale le numéro deux de LFI Adrien Quatennens.

Jean-Luc Mélenchon a appelé mardi Borne à se soumettre à un vote de confiance des parlementaires, estimant que le chef du gouvernement n’avait “aucune légitimité” pour gouverner.

Elisabeth Borne, ancienne ministre et fonctionnaire du gouvernement annonciatrice du centre-gauche, a été nommée par Macron au lendemain de sa victoire présidentielle en avril. Cette décision a été considérée comme un geste envers les électeurs de gauche qui l’avaient soutenu au second tour contre Le Pen.

Appel à un gouvernement d’« unité nationale »

Parmi les alliés d’Emmanuel Macron, le leader centriste du MoDem François Bayrou a appelé à une formation “au plus près de l’unité nationale”.

L’ancien Premier ministre Edouard Philippe a appelé à la création d’une “grande coalition”, envisageant un “compromis” avec les Républicains et négociant avec le Parti socialiste possible, quitte à “trouver de nouveaux profils” pour prendre la tête.

Selon Fabien Roussel du Parti communiste français (PCF), qui a rencontré Macron mardi soir, le président lui a demandé “si nous étions prêts à travailler dans un gouvernement d’union nationale”, et si une telle initiative était la bonne solution ou si un soutien doit être recherché “au cas par cas”.

Marine Le Pen du Rassemblement national a déclaré que son parti revendiquait deux postes influents, la présidence de la commission des finances et la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Le groupe d’extrême droite entendait être “dans l’opposition” mais “pas dans l’obstruction systématique”, a-t-elle ajouté.

“Pas question de pacte de coalition”, disent les républicains

L’absence de majorité de Macron pourrait amplifier l’influence des républicains de droite alors que le groupe du président cherche des voix au parlement. Le parti est le quatrième plus grand au parlement avec 61 sièges.

Le chef du parti Christian Jacob, le premier à rencontrer Emmanuel Macron mardi, a refusé de conclure un pacte avec le gouvernement – ​​une décision qui, selon lui, équivaudrait à “une trahison de nos électeurs”.

“Nous restons dans l’opposition de manière déterminée mais responsable”, a-t-il déclaré par la suite. “Nous ne bloquerons jamais les institutions mais il n’est pas question d’entrer dans un pacte de coalition.”

Il a ajouté qu’il appartenait au président “de mettre des propositions sur la table”.

Jacob a été remplacé par le socialiste Olivier Faure, qui a déclaré à Macron que son parti était “disposé” à “avancer” si le gouvernement prenait des mesures sur le pouvoir d’achat, notamment une hausse du salaire minimum.

“Imagination” nécessaire pour gouverner

A l’issue du second tour des élections dimanche, les candidats de Macron ont remporté 245 sièges, devant la coalition de gauche Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) avec 131 et le Rassemblement national d’extrême droite qui a fait une percée historique avec 89. des places.

L’alliance “Ensemble” du président était bien en deçà des 289 sièges nécessaires pour une majorité globale.

Le camp de Macron pourrait devoir faire face à un gouvernement avec une minorité au parlement ou à cohabiter avec un Premier ministre et un gouvernement d’un camp différent.

Ils sont maintenant confrontés aux réalités d’une Assemblée nationale avec deux groupes d’opposition hostiles alors qu’il tente de faire passer d’importantes réformes – notamment sur les retraites, les réductions d’impôts et le relèvement de l’âge de la retraite – qui seront presque impossibles à réaliser sans un partenaire de la coalition.

“Il va falloir faire preuve de beaucoup d’imagination” pour gouverner, a reconnu le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Le bloc NUPES de gauche verte s’opposera très probablement fermement aux réformes de Macron, après s’être prononcé sur l’abaissement de l’âge de la retraite de 62 à 60 ans et sur le retour des impôts sur la fortune des particuliers et des entreprises. Cependant, le chef de bloc Jean-Luc Mélenchon devra très probablement renoncer à son ambition d’être Premier ministre.

Mélenchon a juré de garder le bloc uni, le qualifiant de « rébellion [which] a maintenant un visage ». Cependant, son appel lundi à son alliance pour former un groupe parlementaire a immédiatement rencontré des problèmes, les socialistes, les verts et les communistes ayant tous rejeté l’idée.

Suite aux résultats, la leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, s’est engagée à “mettre en œuvre le blocage de toutes les réformes néfastes” que Macron propose, “avant tout” les plans visant à relever l’âge de la retraite en France à 65 ans.