Un chasseur français est désolé après avoir tué un homme qu'il avait pris pour un sanglier.

Des portraits et des bougies sont exposés lors d’une marche en hommage à Morgan Keane, tué par deux chasseurs, à Cajarc, dans le sud-ouest de la France. (Photo de Valentine CHAPUIS / AFP)

La mort de Morgan Keane, un franco-britannique de 25 ans, a provoqué l’indignation en 2020 lorsqu’il a été abattu alors qu’il coupait du bois près de sa maison dans le village de Calvignac, dans le sud-ouest de la France.

L’homme qui a tiré le coup de feu fatal et l’organisateur de la chasse, âgé de 51 ans, ont été jugés jeudi dans la ville voisine de Cahors, accusés d’homicide involontaire.

S’ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à trois ans de prison et 75 000 euros d’amende.

“Il n’y a pas un jour où je n’y pense pas, ça m’a marqué à vie. Je suis désolé”, a déclaré le tireur à la cour, admettant qu’il n’avait pas “identifié la cible”.

L’affaire a ravivé les tensions entre les militants anti-chasse et les défenseurs d’un loisir et d’une pratique rurale considérés comme nécessaires par les agriculteurs pour limiter les populations de cerfs et de sangliers en particulier.

Pendant les périodes d’affluence de la saison de chasse, de grandes parties de la campagne française résonnent du bruit des coups de feu, ce qui conduit de nombreux promeneurs à éviter les zones boisées pour leur propre sécurité.

“Beaucoup de gens nous soutiennent”, a déclaré Audrey Tindiliere, membre d’un collectif qui fait campagne pour des restrictions et qui a été créé après la mort de Keane.

“Quatre-vingt pour cent des gens sont favorables à un renforcement de la réglementation de la chasse afin d’améliorer le partage de l’espace rural avec les chasseurs”, a-t-elle déclaré à l’AFP avant le procès.

Les procureurs de l’État ont demandé que les deux accusés soient condamnés à une peine de deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, soulignant “la gravité des manquements qui ont conduit à la mort de Morgan Keane”.

Le verdict est attendu le 12 janvier.

Accidents fréquents

Les chasseurs forment un puissant lobby politique en France à travers la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC).

Le chef de la FNC, Willy Schraen, a demandé un “verdict exemplaire” dans l’affaire Keane, une reconnaissance de la forte émotion publique autour de la mort.

Keane, dont le père était britannique et la mère française, se trouvait à l’intérieur des limites de sa propriété.

“Nous bannissons les chasseurs qui ne respectent pas les règles les plus élémentaires. Cela ne doit plus se reproduire. Il est inacceptable que cette erreur ait conduit à la mort d’un homme”, a-t-il déclaré.

“Si on ne sait pas sur quoi on tire, on ne tire pas”.

Le nombre d’accidents de chasse a diminué au cours des 20 dernières années, selon l’Office de la biodiversité du gouvernement.

On dénombre 90 accidents au cours de la saison 2021/22, dont huit mortels, parmi lesquels deux personnes qui n’étaient pas des chasseurs, indiquent les chiffres.