Héros de la résistance franco-américaine, artiste du spectacle et militante des droits civiques, Joséphine Baker a reçu la plus haute distinction posthume possible en France, en étant intronisée au Panthéon.

Joséphine Baker est devenue la sixième femme à être honorée dans le temple séculier des « grands hommes » de la République française, situé sur une colline de la rive gauche de Paris.

Elle est la première « artiste » à être immortalisée dans le monument où reposent également les corps de Victor Hugo, Emile Zola et Marie Curie.

Au cours de la cérémonie de mardi, un cercueil contenant des poignées de terre provenant de quatre endroits où elle a vécu – la ville américaine de St. Louis où elle est née ; Paris; le château de Milandes où elle a vécu dans le sud-ouest de la France ; et Monaco où elle est enterrée – a été placé dans le tombeau qui lui est réservé dans la crypte du Panthéon.

Le cercueil a été transporté dans le bâtiment par des membres de l’armée de l’air française, commémorant son rôle dans la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale.

Alors que le cercueil était transporté le long d’une rue recouverte de tapis rouge aux accents deboulangerLa chanson à succès de « J’ai deux amours » (« J’ai deux amours » – en référence à « Mon pays et Paris ») des images de sa vie ont été projetées sur la façade néo-classique du Panthéon.

Des soldats français portent un cercueil rempli de terre provenant de lieux importants de la vie de Baker, lors d’une cérémonie dédiée au danseur et chanteur français d’origine américaine qui a combattu dans la Résistance française. (Photo par Thomas COEX / PISCINE / AFP)
Lui rendre hommage dans un discours prononcé par Macron boulanger « n’a pas défendu une couleur de peau » mais « s’est battu pour la liberté de tous ». Adressant ses propos à « chère Joséphine », il a déclaré : « Vous entrez dans ce Panthéon parce que même si vous êtes né américain, il n’y a personne de plus français que vous. »
L’honneur décerné par Macron à la première superstar féminine noire au monde couronne des années de campagne de sa famille et de ses admirateurs pour que sa place dans l’histoire de France soit reconnue.
Le président français Emmanuel Macron a rendu hommage à Baker. (Photo par SARAH MEYSSONNIER / PISCINE / AFP)

Le nom de Baker sera également ajouté au nom de la station de métro Gaite à côté du théâtre Bobino dans le sud de Paris, où elle est apparue pour la dernière fois sur scène quelques jours avant sa mort en 1975.

Née Freda Josephine McDonald dans l’extrême pauvreté du Missouri en 1906, Baker a quitté l’école à 13 ans et a réussi à se faire une place dans l’une des premières comédies musicales entièrement noires de Broadway en 1921.

Comme de nombreux artistes noirs américains à l’époque, Baker a déménagé en France pour échapper à la ségrégation raciale dans son pays.

Brian Bouillon-Baker, l’un des fils adoptifs de Joséphine Baker, a assisté à la cérémonie. (Photo par SARAH MEYSSONNIER / PISCINE / AFP)

La femme surnommée la “Vénus noire” a pris Paris d’assaut avec ses performances de danse exubérantes, qui ont capturé l’énergie de l’ère du jazz.

L’un des moments marquants de sa carrière est survenu lorsqu’elle a dansé le Charleston au cabaret des Folies Bergère vêtue uniquement d’un collier de perles et d’une jupe en bananes en caoutchouc, dans un envoi sensationnel de fantasmes coloniaux sur les femmes noires.

La représentation a marqué le début d’une longue histoire d’amour entre la France et l’icône de style libre d’esprit, qui a pris la nationalité française en 1937.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle rejoint la Résistance contre l’Allemagne nazie, devenant lieutenant dans le corps auxiliaire féminin de l’armée de l’air française.

Elle est également devenue une espionne du chef de guerre français en exil, le général Charles de Gaulle, obtenant des informations sur le chef italien Benito Mussolini et envoyant des rapports à Londres cachés dans ses partitions à l’encre invisible.

Des membres du public se sont également réunis pour rendre hommage. (Photo par JULIEN DE ROSA / AFP)

« La France a fait de moi qui je suis », a-t-elle déclaré plus tard. « Les Parisiens m’ont tout donné… Je suis prêt à leur donner ma vie.

Elle a également mené un combat contre les discriminations en adoptant 12 enfants d’origines ethniques différentes pour former une famille « arc-en-ciel » dans son château de Dordogne.

Elle est décédée le 12 avril 1975, à l’âge de 68 ans, d’une hémorragie cérébrale, quelques jours après un dernier spectacle de cabaret à grand succès à Paris célébrant son demi-siècle sur scène.

Elle est la deuxième femme à être entrée par Macron au Panthéon, après l’ancienne ministre Simone Veil, qui a survécu à la Shoah pour lutter pour le droit à l’avortement et l’unité européenne.

Signe de l’affection universelle dans laquelle Baker est toujours détenue en France, il n’y a eu aucune critique publique de la décision de lui rendre hommage, y compris de la part de commentateurs d’extrême droite qui sont généralement cinglants pour les gestes antiracistes.