Le contrôleur des comptes met en garde contre l'état des finances de la France.

Le président de la Cour des comptes française Pierre Moscovici s’adresse à la presse après la publication du rapport financier annuel sur le budget de la présidence française. Photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

L’influente Cour des comptes, qui fait office de commissaire aux comptes, prévoit dans son rapport annuel que la dette publique augmentera de 560 milliards d’euros entre fin 2019 et fin 2022.

La majeure partie de cette hausse – qui portera la dette totale à un niveau équivalent à 113 % du PIB – est due à Covid-19 après que le président Emmanuel Macron a promis de dépenser “tout ce qu’il faut” pour sauver l’économie.

“Cet effort considérable pèsera durablement sur le déficit et la dette publique, dont la réduction nécessitera des efforts sans précédent de maîtrise des dépenses publiques”, a déclaré l’organisme de surveillance.

Le plan de sauvetage et d’autres dépenses de l’État ont laissé la France avec des comptes publics parmi les plus déséquilibrés des 19 pays de l’UE qui utilisent l’euro, a déclaré la Cour des comptes.

Selon ses calculs, seule l’Italie est plus mal lotie que la France, qui se trouve dans une situation similaire à celle de la Belgique et de l’Espagne.

La France fait partie “du groupe de pays de la zone euro, deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, où les finances publiques se sont le plus dégradées”, précise-t-elle.

Même avec une forte croissance économique de 7 % l’année dernière et une croissance estimée à 4 % en 2022, l’organisme de surveillance a averti que la France risquait de connaître des déficits importants et insoutenables.

Il prévoit un déficit de 5,0 % du PIB cette année ” de nature totalement structurelle “, ce qui signifie qu’il est dû à des dépenses excessives permanentes, plutôt qu’à des dépenses ponctuelles liées à Covid-19.

L’auditeur a cité des réductions d’impôts “significatives” annoncées par Macron qui entreraient en vigueur en 2022, ainsi que des engagements de dépenses supplémentaires, notamment un financement supplémentaire permanent pour le système de santé.

Ces conclusions interviennent à un moment très sensible, alors que la France se prépare aux élections présidentielles d’avril.

Macron, qui est montré par les sondages comme le favori, est arrivé au pouvoir en 2017 en promettant d’équilibrer les comptes de la France après des décennies de dépenses excessives.

Son premier Premier ministre, Édouard Philippe, a qualifié le niveau d’endettement du pays d'”intolérable” en 2017, ajoutant que “nous dansons sur un volcan qui gronde de plus en plus fort”.

Macron fait pression pour un assouplissement permanent des règles de dépenses publiques pour la zone euro, qui sont censées limiter les États à des déficits annuels inférieurs à 3,0 % du PIB.

Après avoir annoncé des investissements publics massifs dans les industries stratégiques de l’avenir dans le cadre de son plan “France 2030”, il cherche à persuader les autres membres du bloc de suivre son exemple.