Neuf États membres de l’UE, dont l’Allemagne, ont rejeté la proposition de la France de réformer les marchés de gros de l’énergie en Europe, alors que les prix s’envolent.

“Comme la flambée des prix a des causes mondiales, nous devrions être très prudents avant d’interférer dans la conception des marchés intérieurs de l’énergie”, ont déclaré les neuf pays dans une déclaration commune lundi.

La France souhaite un découplage des prix de l’électricité et du gaz, considérant comme injuste pour les consommateurs la différence entre ce qu’ils doivent payer et le “coût ultra bas” de l’énergie nucléaire.

“Ce ne sera pas un remède pour atténuer la hausse actuelle des prix de l’énergie liée aux marchés des combustibles fossiles”, peut-on lire dans la déclaration de l’Autriche, du Danemark, de l’Estonie, de la Finlande, de l’Allemagne, de l’Irlande, de la Lettonie, du Luxembourg et des Pays-Bas, à la veille d’une réunion d’urgence des ministres européens de l’énergie.

Au début du mois, les ministres des finances de la France et de l’Espagne ont demandé une réforme du marché de gros de l’électricité de l’Union européenne, y compris la réglementation des tarifs, alors que les prix ne cessent de grimper.

Le ministre français des finances, Bruno Le Maire, s’est déjà plaint que le système de tarification de l’UE donne au gaz une influence disproportionnée sur la fixation des prix de gros de l’électricité, les poussant à la hausse ces derniers mois à l’approche de l’hiver.

Le Maire a appelé le bloc à revoir de fond en comble le fonctionnement du marché unique de l’électricité, jugeant ses règles actuelles “obsolètes.”

Mais, sans pointer Paris du doigt, les neuf ont déclaré qu’ils “ne peuvent soutenir aucune mesure qui entre en conflit avec le marché intérieur du gaz et de l’électricité, par exemple une réforme ad hoc du marché de gros de l’énergie.”

Les neuf ont déclaré que la concurrence entre les différentes sources de carburant contribue “à l’innovation, à la sécurité de l’approvisionnement et sont donc un élément clé pour faciliter la transition” vers des émissions à faible teneur en carbone.

Le marché européen de l’électricité “a bien fonctionné pendant 20 ans avec des prix vraiment compétitifs… Intervenir pourrait être extrêmement dangereux. Cela pourrait détruire toute confiance dans ce marché”, a déclaré le ministre luxembourgeois de l’énergie, Claude Turmes, au début du mois.

Les prix du gaz contribuent actuellement à fixer un prix sur le marché de l’électricité à l’échelle du bloc. Le prix moyen est relevé dans les États qui utilisent largement les combustibles fossiles coûteux afin de répondre à la demande croissante.

La Commission européenne se dit satisfaite de son système de prix de gros marginal, qui permet aux membres du bloc d’obtenir le même prix pour l’électricité qu’ils produisent tout en encourageant le développement des sources d’énergie renouvelables.

La Commission a déclaré au début du mois qu’elle souhaitait examiner les éventuels comportements anticoncurrentiels et manipulations du marché, sans remettre en question le statu quo.

Elle a fait cette annonce alors que les prix du gaz ont atteint des niveaux record et que les prix de gros de l’électricité ont augmenté de plus de 200 % entre janvier et septembre, entraînant également une hausse des prix de détail.