TotalEnergies fait l'objet d'une procédure judiciaire pour avoir prétendument alimenté les bombardiers russes.

(Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

La Coalition Darwin Climax, basée en France, et le groupe ukrainien Razom We Stand ont remis le dossier au procureur national antiterroriste, qui enquête sur les allégations de crimes de guerre, jeudi.

Le journal Le Monde a déclaré en août que TotalEnergies détenait une participation dans une société qui extrayait des condensats de gaz dans le nord de la Russie, dont une partie était transformée en carburant pour avion utilisé par les escadrons aériens russes accusés de crimes de guerre en Ukraine.

La plainte, vue par l’AFP, accuse TotalEnergies de contribuer à fournir au gouvernement russe “les moyens nécessaires pour commettre des crimes de guerre” en “poursuivant l’exploitation du gisement de Termokarstovoye”.

TotalEnergies détenait jusqu’à récemment 49% des parts de Terneftegaz, une société qui extrait le gaz du gisement de Termokarstovoye dans le nord de la Russie.

Les 51 % restants étaient détenus par la société russe Novatek, dans laquelle la société française détient également une participation directe de 19,4 %.

Après l’article du Monde, le géant français a déclaré avoir vendu le 18 juillet sa part de 49% dans Terneftegaz à Novatek.

Le Monde a rapporté que Termokarstovoye est une source de condensats de gaz naturel – un hydrocarbure liquide récupéré lors de l’extraction du gaz lui-même – qui sont envoyés par pipeline vers une usine de traitement de Novatek à Purovsky.

Ils ont ensuite été envoyés par train pour être raffinés en carburant pour avion dans la ville d’Omsk, au sud de la Sibérie. Ce carburant a été envoyé aux bases aériennes russes près de la frontière ukrainienne, indique Le Monde, citant des données de la société d’information financière Refinitiv.

TotalEnergies “réfute les allégations”.

Human Rights Watch et Amnesty International ont accusé les escadrons basés dans la région d’attaques contre des civils, notamment le bombardement, le 16 mars, d’un théâtre de Mariupol, où des centaines de personnes auraient péri dans ce qu’Amnesty a qualifié de “crime de guerre”.

TotalEnergies a contesté ces allégations. Elle affirme que son partenaire russe en coentreprise a confirmé qu’elle ne fournissait pas à Moscou de kérosène pour effectuer des frappes en Ukraine.

La société a déclaré vendredi qu’elle “réfute catégoriquement toutes les allégations infondées de Global Witness, publiées par le journal Le Monde en août dernier.”

TotalEnergies a ajouté que les condensats instables produits par Terneftegaz avaient été “exportés à l’étranger” et ne pouvaient donc pas avoir été utilisés par l’armée russe comme carburant pour ses avions.

Les accusations de complicité de crimes de guerre sont “scandaleuses”, “diffamatoires” et “infondées”, a déclaré la société.

Les avocats des deux associations ont déclaré à l’AFP qu’il était temps que les multinationales soient tenues de rendre des comptes.

“La justice ne doit pas être aveugle face au soutien indirect mais essentiel des multinationales à l’effort de guerre, et aux avantages considérables dont elles continuent de bénéficier après l’invasion de l’Ukraine”, ont-ils déclaré.

“La France ne peut pas à la fois condamner l’invasion et rester inactive face aux comportements qui la soutiennent”, ont déclaré les avocats William Bourdon, Vincent Brengarth et Henri Thulliez.