La candidate à la présidence française Anne Hidalgo a fait sensation en se déclarant favorable à l’abaissement de la limite de vitesse sur les autoroutes à 130 km/h, mais est-ce vraiment une si mauvaise idée ?

“Je suis personnellement favorable à la réduction des vitesses, 130 km/h c’est beaucoup”, a déclaré Anne Hidalgo à BFM et RMC. “La vitesse égale les accidents”.

La maire de Paris a ajouté qu’une réduction des limites de vitesse ne devrait pas être imposée au niveau national, mais la plupart des réactions se sont concentrées sur son affirmation qu’elle est favorable à la réduction des limites. L’abaissement de la limite sur les autoroutes à 110 km/h est un débat récurrent en France, et le fait que les commentaires d’Hidalgo aient été si largement commentés dans la presse française et sur les médias sociaux est la preuve que c’est un sujet qui passionne beaucoup de monde.

Mais comment les limitations de vitesse sur les autoroutes françaises se comparent-elles à celles des autres pays ?

Comparaison de la France avec le reste de l’Europe

Avec 130 km/h, la France a actuellement l’une des limitations de vitesse les plus élevées d’Europe, derrière la Pologne et la Bulgarie où la vitesse est limitée à 140 km/h, et bien sûr l’Allemagne où il n’y a aucune limitation sur les autoroutes.

Plusieurs pays rejoignent ensuite la France à 130 km/h, dont l’Italie, l’Autriche et le Danemark, selon les chiffres de la Commission européenne, comme le montre la carte ci-dessous du Parisien.

Si la limite était ramenée à 110 km/h, elle correspondrait au niveau appliqué en Suède et en Estonie, et resterait supérieure à celle de la Norvège, de Chypre et de Malte. Sur les autoroutes britanniques, la limite est de 70 mph, ce qui correspond à un peu moins de 113 km/h.

Réduire les accidents

La plupart des débats ont jusqu’à présent porté sur la sécurité, Hidalgo elle-même citant les accidents comme raison de vouloir abaisser les limites de vitesse, mais les autoroutes sont-elles vraiment si dangereuses ?

“C’est automatique : plus on baisse les vitesses, moins il y aura d’accidents”, explique au Parisien Dominique Mignot, directeur du département transport, santé et sécurité de l’université Gustave Eiffel. “Mais le problème se pose sur les routes secondaires. La mesure que nous préconisons est de passer de 90 à 80 km/h sur ce réseau secondaire.”

Sur les 2 541 personnes décédées sur les routes françaises en 2020, seuls 201 (8 %) de ces accidents ont eu lieu sur les autoroutes. La majorité était sur des routes secondaires en dehors des villes. Il ne s’agit pas non plus d’une simple conséquence de la réduction des trajets longue distance due à la pandémie de Covid, puisque le pourcentage était presque identique en 2019.

En outre, les limites sont déjà réduites dans certaines circonstances. La France est également le seul pays de l’UE à réduire les limites de vitesse en cas de mauvaises conditions météorologiques. Lorsqu’il pleut ou qu’il neige, la limite de vitesse sur les autoroutes est réduite à 110 km/h, et lorsque le brouillard réduit la visibilité à moins de 50 mètres, la limite sur toutes les routes ne dépasse pas 50 km/h.

Alors que la vitesse est limitée à 130 km/h, les voitures circulant sur les autoroutes françaises roulent en moyenne à 120 km/h, et selon l’Observatoire français de la sécurité routière, les vitesses excessives étaient présentes dans 16 % des accidents mortels sur autoroute en 2017, contre 41 % sur les routes limitées à 70 km/h. La vitesse a cependant un impact sur la gravité des accidents.

Protection de l’environnement

La réduction du nombre d’accidents n’est cependant pas la seule raison pour laquelle beaucoup réclament une baisse des limitations de vitesse. Il existe également un argument environnemental. En 2020, les 150 membres du public qui ont participé à la Convention des citoyens pour le climat ont adopté avec une marge de 60 % une proposition visant à réduire les limites des autoroutes à 110 km/h, ce qui, selon eux, réduirait de 20 % les émissions de gaz à effet de serre résultantes, mais la suggestion a été écartée par Emmanuel Macron.

Elle a également provoqué la colère de l’association 40 millions d’automobilistes. Leur pétition, intitulée “Non au 110 km/h sur l’autoroute”, a recueilli plus de 700 000 signatures. Selon un sondage de franceinfo de l’époque, 74 % des personnes sont opposées à la réduction de la vitesse autorisée.

En janvier 2018, les autorités locales ont réduit la limite de vitesse à 110 km/h sur un tronçon d’autoroute de 7 km près de Toulouse pour tester l’effet sur la pollution. En août 2019, le changement est devenu permanent après qu’Atmo Occitanie, l’organisme chargé de tester la qualité de l’air, a conclu qu’il avait eu un “impact positif significatif sur les niveaux de dioxyde d’azote”.

Champ de bataille politique

Les autoroutes ne sont pas le seul point de discorde en ce qui concerne les limitations de vitesse.

En juillet 2018, la France , qui se trouvent principalement dans les zones rurales, est passée de 90 km/h à 80 km/h. Mais après que le mécontentement ait conduit à ce que la majorité des radars du pays soient masqués ou vandalisés, les amendes pour excès de vitesse étant une pomme de discorde commune pendant les premiers jours du mouvement des “gilets jaunes”, le gouvernement a donné aux autorités locales le pouvoir de revenir à la limite précédente.

De nombreuses villes ont également réduit la vitesse maximale autorisée sur les routes du centre-ville de 50 à 30 km/h, dans le but de réduire le nombre d’accidents et d’encourager les gens à utiliser les transports publics en allongeant la durée des trajets en voiture. Ces mesures ont suscité la colère des associations d’automobilistes, mais selon un récent sondage, plus de 60 % des Parisiens sont favorables à ce changement.