La France déclare que toutes les troupes ont quitté le Mali, mettant ainsi fin à une mission militaire de neuf ans.

La France a retiré ses soldats du Mali, après presque une décennie dans le pays. Photo de Philippe DESMAZES / AFP

Les forces françaises ont soutenu le Mali contre les insurgés pendant près d’une décennie, mais le président Emmanuel Macron a décidé de se retirer après que la France et la junte malienne se soient brouillées à la suite d’une prise de pouvoir militaire.

“Aujourd’hui à 13H00 heure de Paris (1100 GMT), le dernier contingent de la force Barkhane encore présent sur le territoire malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger”, précise le communiqué.

L’armée a relevé le “défi logistique militaire majeur” du retrait “de manière ordonnée et sûre”, ajoute le communiqué.

Après la rupture des liens entre Paris et la junte qui a pris le pouvoir au Mali en août 2020, la France a commencé à retirer ses troupes en février, alors que la violence djihadiste augmentait dans le Sahel.

Les frictions se sont développées en raison des retards de la junte dans le rétablissement d’un régime civil et se sont intensifiées lorsque le Mali a fait appel à des paramilitaires russes – du personnel décrit par la France comme des “mercenaires” du groupe Wagner pro-Kremlin.

Prévention d’un califat

Macron a félicité lundi l’armée pour ses neuf années de présence au Mali, affirmant qu’elle avait “empêché l’établissement d’un califat territorial et lutté contre les terroristes qui attaquent les populations locales et menacent l’Europe”.

La plupart des membres de haut rang des “groupes terroristes” ont été “neutralisés”, a-t-il dit, ajoutant que 59 soldats français sont morts au Mali au total.

Plus de 2.000 civils ont été tués au Mali, au Niger et au Burkina Faso depuis le début de l’année, selon un décompte de l’AFP basé sur les conclusions de l’organisation non gouvernementale ACLED.

Sur cette photo d’archive prise le 07 décembre 2021, on voit le drapeau français et le logo des opérations spéciales dirigées par la France pour la nouvelle Task Force Takuba, une mission militaire multinationale dans la région troublée du Sahel en Afrique sub-saharienne. (Photo de Thomas COEX / AFP)

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A son apogée, la mission française Barkhane comptait 5 100 soldats répartis dans cinq pays du Sahel, toutes d’anciennes colonies françaises – Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad.

Les forces ont fourni un soutien essentiel en matière de puissance aérienne, de transport de troupes et de reconnaissance. La France possède une base aérienne à Niamey, la capitale du Niger, où elle a déployé des drones.

Après le retrait malien, la mission comptera “environ 2.500” soldats, a déclaré le mois dernier le général Laurent Michon, commandant de Barkhane.

La mission reconfigurée mettra l’accent sur “des opérations plus coopératives”, a-t-il déclaré.

Frontline Niger

La France conservera plus de 1 000 hommes au Niger, où un groupe tactique continuera à travailler en partenariat avec les forces nigériennes.

Le Niger est un Etat en première ligne dans la lutte contre le djihadisme alors que la région instable est aux prises avec une série de coups d’Etat militaires.

“La régression démocratique en Afrique de l’Ouest est extrêmement préoccupante”, a déclaré la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna aux députés français avant un voyage dans la région en juillet.

“Cependant, malgré ces événements (et) le retrait du Mali, la France continuera à aider les armées ouest-africaines à combattre les groupes terroristes.”

Le Niger est l’un des plus grands bénéficiaires de l’aide française, recevant 143 millions d’euros (146 millions de dollars) l’année dernière.

Les deux parties vont signer des accords pour un prêt français de 50 millions d’euros et une subvention de 20 millions d’euros.

Le Niger, pays le plus pauvre du monde selon l’indice de développement humain de l’ONU, a été durement touché par l’insurrection djihadiste qui a débuté au nord du Mali en 2012 et a ensuite gagné les pays voisins.

Le Niger est confronté à des insurrections à la fois sur sa frontière occidentale avec le Mali et leBurkina Faso et sur sa frontière sud-est avec le Nigeria.

Plus d’un millier de soldats seront déployés au Niger, fournissant un soutien aérien et une formation, selon des sources françaises.

Des troupes françaises sont également présentes au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, ainsi que dans l’est de l’Afrique, à Djibouti.

En juin, Macron a demandé au gouvernement et aux chefs militaires de “repenser notre présence globale sur le continent africain d’ici l’automne.”

Il a appelé à “une présence moins statique et moins exposée” et à “une relation plus étroite” avec les forces armées africaines.