Le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer menacent le fragile écosystème de la Camargue française, l’une des plus grandes zones humides d’Europe, qui abrite une faune et une flore d’une extraordinaire variété.

Situé dans le sud de la France et s’étendant sur 930 kilomètres carrés, ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO est un paradis pour la faune et la flore.

Des centaines de milliers d’oiseaux migrateurs viennent ici pendant l’année, y compris les célèbres flamants roses de la région, qui sont peut-être les résidents les plus célèbres de la Camargue.

Selon les experts, les flamants roses pourraient être l’un des rares survivants qui continueront à venir dans la réserve naturelle malgré la forte érosion et l’augmentation du niveau de la mer qu’elle subira dans les décennies à venir en raison du changement climatique.

“Pour les flamants, le réchauffement climatique ne change pas grand-chose, les flamants sont des oiseaux nomades, ils se déplacent à tout moment de l’année”, explique l’ornithologue Chloé Romieux-Zerdoun.

Mais les résidents humains voient déjà les effets du changement climatique et de l’augmentation du niveau de la mer.

“Depuis trois ou quatre décennies, les plages ont diminué, les rochers arrivent, le sable diminue. Par exemple, on a quelques jours, deux ou trois jours de neige par an, alors qu’avant on n’avait jamais l’habitude d’en voir”, raconte Hélène Ferullo, habitante des Saintes-Maries-de-la-Mer.

L’élévation du niveau de la mer met en danger l’écosystème unique de la Camargue

La Camargue est également célèbre pour sa production de sel naturel tiré de ses lacs roses, uniques en leur genre, qui proviennent de la forte concentration de sel dans l’eau, lui donnant sa couleur.

Le sel est récolté et stocké dans de hautes montagnes blanches et grises. La région produit environ 500 000 tonnes de sel par an.

Cependant, l’élévation du niveau de la mer entraînera des changements irréversibles dans l’écosystème de la Camargue, les marées hautes altérant la production de sel, ainsi que les propriétés du célèbre riz de Camargue, unique pour sa couleur rouge et son goût naturel de noix, et aussi la quantité d’herbe dans les prairies.

Aurélie Raynaud, dont la famille élève les taureaux semi-sauvages de Camargue, célèbres pour leur fourrure noire et leurs cornes démesurées, affirme que les effets du changement climatique sont déjà perceptibles.

“Notre élevage de taureaux de Camargue est basé ici depuis 1950 et nous constatons de nombreux effets de l’avancée de la mer et de la salinité des sols. Comme le sol devient plus salé, l’herbe pousse moins, donc nous perdons la qualité de nos pâturages et nous devons donner beaucoup plus de foin”, révèle Raynaud.

“Financièrement aussi, c’est plus difficile. La mer avance, la ligne côtière aussi, et elle provoque des raz-de-marée qui laissent beaucoup de sel pendant les hivers – et alors nous savons qu’au printemps suivant nous aurons à nouveau moins d’herbe”, dit-elle.

Les littoraux et les villes côtières menacés par des tempêtes plus fortes

Le niveau des océans ne cesse de monter, et les barrières artificielles qui protègent actuellement la côte ne pourront pas y résister, menaçant de mettre en danger le littoral et les villes locales.

Selon le professeur de géomorphologie côtière François Sabatier, les barrières artificielles actuellement en place pour protéger les côtes ne pourront pas contrer les effets des grandes tempêtes.

“Ce que nous savons, c’est que dans cette région, le niveau de la mer va augmenter de plus ou moins un mètre d’ici la fin du siècle, et les tempêtes ne seront probablement pas plus fortes, mais le fait est que si vous augmentez le niveau de la mer, alors, bien sûr, vous augmentez l’élévation des vagues”, explique-t-il.

“Si, aujourd’hui, les vagues pendant les tempêtes sont proches de plus ou moins deux mètres d’élévation, à la fin du siècle, elles seront d’environ trois mètres. Cela signifie donc que les tempêtes moyennes d’aujourd’hui seront les plus fortes à la fin du siècle”, ajoute-t-il.

Les scientifiques du Centre commun de recherche de l’Union européenne en Italie, affirment que la moitié des plages de sable du monde pourraient disparaître d’ici la fin du siècle si le changement climatique se poursuit sans être maîtrisé..

Les auteurs de l’étude ont calculé que jusqu’à 40 % du recul du littoral pourrait être évité en réduisant les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique, mais ils ont ajouté que les populations importantes et croissantes qui vivent le long de la côte devront également être protégées par d’autres mesures.