Jusqu’à présent, il s’agit d’une guerre essentiellement verbale, mais le gouvernement français a menacé d’agir dès le début du mois de novembre. Alors, quel est l’objet exact du conflit avec le Royaume-Uni en matière de pêche ?

Est-ce que cela a un rapport avec le Brexit ?

Oui, cela concerne l’accord commercial conclu entre le Royaume-Uni et l’UE en décembre dernier. L’accord concerne principalement les accords commerciaux post-Brexit, les normes et les contrôles douaniers, mais il concerne également la pêche.

L’aspect de la pêche a été légèrement négligé dans la couverture de l’accord, qui a été conclu quelques jours avant la fin de la période de transition du Brexit le 1er janvier 2021, car d’autres aspects du commerce sont tout simplement beaucoup plus importants pour les économies du Royaume-Uni et de l’UE.

Mais la pêche a une importance politique, en plus d’être évidemment importante pour les personnes qui gagnent leur vie dans ce secteur.

Que dit l’accord ?

Le principe de l’accord est que les pêcheurs britanniques et français doivent pouvoir continuer à travailler comme avant le Brexit, même si les choses vont changer à l’avenir.

Les bateaux de l’UE sont autorisés à continuer à accéder à la zone économique exclusive du Royaume-Uni (de 12 à 200 milles de la côte), les quotas étant progressivement réduits au cours des années à venir. Le gouvernement britannique a accordé 1 700 licences à des bateaux britanniques pour pêcher dans ces eaux.

Mais la tension porte sur les licences d’exploitation dans les eaux territoriales britanniques, riches en poissons, qui s’étendent de 6 à 12 milles nautiques de la côte, ainsi que dans les eaux proches de Jersey. L’accord prévoit que les pêcheurs de l’UE peuvent continuer à pêcher dans ces eaux s’ils peuvent prouver qu’ils y ont pêché au cours des dernières années.

Cependant, les pêcheurs doivent demander de nouvelles licences pour continuer à pêcher et c’est là que les problèmes ont éclaté.

Les licences pour les pêcheurs français sont délivrées soit par Londres, soit par les dépendances autonomes de la couronne de Jersey et de Guernesey, en fonction de l’endroit où ils veulent pêcher. Bien que les îles anglo-normandes ne fassent pas partie du Royaume-Uni, elles sont des dépendances de la couronne et dépendent de Londres pour les questions de sécurité et de politique étrangère, et sont donc impliquées dans les questions post-Brexit.

Londres a délivré 100 licences à des bateaux français pour ses eaux territoriales, tandis que 75 ont été rejetées, selon les chiffres de début octobre.

Pour Jersey, 111 licences permanentes et 31 licences provisoires ont été délivrées, tandis que 75 bateaux ont été rejetés.

La majorité de ceux qui ont été rejetés semblent être des bateaux plus petits, dont beaucoup n’ont pas de système satellite à bord et ont donc eu du mal à fournir la preuve demandée de leurs habitudes de pêche avant le Brexit.

Donc la dispute porte sur 150 petits bateaux de pêche ?

En substance, oui, bien qu’il s’agisse en réalité de politique.

Paris est furieux de ce qu’il considère comme de la mauvaise foi de la part des autorités britanniques en refusant d’accorder les licences, ce qui vient s’ajouter à une frustration générale au sein de l’UE concernant l’incapacité du Royaume-Uni à mettre pleinement en œuvre l’accord de Brexit.

Le gouvernement français est également sous pression pour défendre son industrie de la pêche et a probablement un œil sur les votes des communautés côtières lors des élections présidentielles de l’année prochaine.

Le Royaume-Uni, quant à lui, cherche désespérément à sauver une “victoire” du Brexit après avoir fait de grandes promesses aux communautés de pêcheurs sur les avantages que le Brexit aurait pour les pêcheurs britanniques, dont peu se sont concrétisées jusqu’à présent.

Et maintenant ?

Jusqu’à présent, il s’agit essentiellement d’une guerre de mots, bien qu’une manifestation de pêcheurs français mécontents bloquant le port de Jersey de St Helier en mai…

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Mais le gouvernement français semble de plus en plus irrité et a fixé la date limite du 1er novembre pour résoudre le problème, affirmant que si aucun progrès n’est fait, des mesures de rétorsion seront prises…

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La nature exacte de ces mesures n’a pas encore été révélée, mais le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a évoqué des contrôles supplémentaires sur les marchandises entrant au Royaume-Uni depuis la France, tandis que le ministre de l’Europe, Clément Beaune, a parlé de réduire l’approvisionnement en électricité de la France vers les îles anglo-normandes.