Expliqué : Pourquoi la ministre française de l'environnement fait-elle l'objet d'une enquête sur les actions ?

La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher s’adresse à la presse à la cimenterie Eqiom à Lumbres, dans le nord de la France (Photo de FRANCOIS LO PRESTI / AFP).

La ministre française de l’Environnement, Agnès Pannier-Runacher, est sous le feu des critiques pour avoir potentiellement omis de divulguer des conflits d’intérêts, après la publication d’une enquête par les médias en ligne Disclose et Investigate Europe.

L’enquête porte sur les trois enfants de Pannier-Runacher (âgés de 19, 16 et 11 ans) qui détiennent tous des parts dans une société créée par leur grand-père, Jean-Michel Runacher, ancien directeur de la société pétrolière et gazière Perenco.

La société, Arjunem, a été créée par Runacher dans le cadre d’une succession anticipée. Les trois enfants du ministre détiennent leurs parts depuis 2016, date à laquelle ils étaient tous mineurs, ce qui signifie que Pannier-Runacher a dû signer en leur nom. Le capital de la société, qui s’élève à plus d’un million d’euros, est lié à trois fonds d’investissement, dont deux sont exploités dans des paradis fiscaux ou des régimes à faible fiscalité à Guernesey et en Irlande.

Il y a deux domaines potentiels de préoccupation ;

La première transgression présumée réside dans le fait que Mme Pannier-Runacher n’a pas divulgué les parts de ses enfants dans la société à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l’organisme gouvernemental français de surveillance des conflits d’intérêts. La ministre affirme qu’elle n’a enfreint aucune règle de divulgation, car la loi exige seulement qu’elle divulgue ses propres avoirs et ceux de son conjoint, et non ceux de ses enfants.

La seconde est la possibilité qu’Arjunem ait des investissements liés au pétrole et au gaz, car les trois sociétés de fonds spéculatifs “ont des investissements liés aux combustibles fossiles dans leurs portefeuilles”, selon Investigate Europe. En tant que ministre de l’environnement, Mme Pannier-Runacher a été chargée d’aider le pays à s’affranchir de sa dépendance aux combustibles fossiles.

Cependant, au 8 novembre, il n’y avait aucune preuve qu’Arjunem avait spécifiquement des investissements dans le pétrole et le gaz.

Pannier-Runacher a qualifié les allégations de “fausses et calomnieuses”.

Elle a déclaré à Disclose que la société “n’est pas mon héritage, mais celui de mes enfants” et a ajouté que ses enfants “n’ont pas le pouvoir de gérer la société à ce jour.” La ministre a expliqué que c’est son père seul qui gère Arjunem et ses investissements – ce qui signifie que Jean-Michel Runacher a “le plein contrôle de la société”. [the investments] et peut conserver les dividendes”, selon Investigate Europe.

La réponse à l’enquête a été rapide de la part des politiciens français, en particulier ceux de gauche qui ont critiqué le ministre de l’environnement. Fabien Roussel, le chef du Parti communiste français, a déclaré que “la différence entre l’optimisation fiscale et l’évasion fiscale est l’épaisseur d’un mur de prison”.

Un autre politicien de gauche, la députée Clémence Guetté de La France Insoumise (LFI), doute de la capacité de Pannier-Runacher à “faire avancer les énergies renouvelables” si elle a “des intérêts financiers indirects visiblement liés aux compagnies pétrolières”, selon Franceinfo.

Mardi, la HATVP a annoncé qu’elle allait ouvrir sa propre enquête suite au rapport d’Investigate Europe et de Disclose.