Cette démarche fait suite à une plainte en justice déposée par un lanceur d’alerte, ingénieur à la centrale du Tricastin, dans le sud-est du pays.
Dans sa plainte déposée auprès de la police en octobre 2021 et visant l’exploitant de la centrale nucléaire EDF, l’ingénieur, dont l’identité n’a pas été révélée, a déclaré avoir alerté à plusieurs reprises son employeur des incidents et avoir également écrit au ministre de l’Environnement.
Parmi les événements que l’exploitant nucléaire n’a pas déclarés à l’agence nationale de sécurité ASN, ou qu’il a minimisés, figurent une surtension inexpliquée de l’un des réacteurs de la centrale en 2017 et une inondation à l’intérieur de la centrale l’année suivante, selon l’ingénieur.
Un juge d’instruction de la ville portuaire de Marseille, dans le sud du pays, enquête désormais sur la centrale pour fraude et “mise en danger de la vie d’autrui”, a indiqué la source juridique.
Parmi les autres infractions présumées figurent les atteintes à l’environnement par fuite de substances toxiques, l’entrave aux contrôles des inspecteurs nucléaires et le harcèlement sur le lieu de travail de l’ingénieur, qui affirme avoir été mis sur la touche après avoir donné l’alerte.
La France, qui tire environ 70 % de son électricité de l’énergie nucléaire, a étudié la possibilité de prolonger la durée de vie de ses centrales vieillissantes, dont plusieurs arrivent à la limite des 40 ans, notamment celle de Tricastin.
En février, le président Emmanuel Macron a appelé à une “renaissance” de l’industrie nucléaire française, avec 14 nouvelles centrales, dans le cadre des efforts visant à s’éloigner des combustibles fossiles.
Le lancement de l’enquête sur le Tricastin témoigne de “l’extrême gravité” des accusations, ont déclaré à l’AFP les avocats très en vue du lanceur d’alerte, Vincent Brengarth et William Bourdon.
Contacté par l’AFP, EDF s’est refusé à tout commentaire.
