AVIS: Macron espère que son

(FICHIERS) Dans cette photo d’archive prise le 27 juin 2018, le président français Emmanuel Macron et la ministre française des Transports Elisabeth Borne (L) regardent après avoir signé la réforme ferroviaire, à l’Elysée à Paris. – Elisabeth Borne a été nommée nouvelle Première ministre française le 16 mai 2022. (Photo by Julien DE ROSA / POOL / AFP)

Le nouveau gouvernement français a un son hollywoodien : « The Borne Experiment ».

Le président Emmanuel Macon espère que ce n’est pas un thriller. Elisabeth Borne, une femme honnête et très compétente n’a pas été choisie pour son charisme ou son ambition fulgurante.

Elle a été choisie parce qu’elle a des liens avec la gauche, parce qu’elle sera travailleuse et effacée et parce qu’elle est une femme. Macon pensait, à juste titre, qu’il était temps que la France ait une autre femme Premier ministre.

La première, Edith Cresson, n’a duré que 10 mois en 1991-2 – victime de beaucoup de choses dont la jalousie de ses collègues socialistes masculins.

Les temps ont changé depuis. Il est peu probable que le sexe soit le plus gros problème d’Elisabeth Borne. Son premier grand défi sera de mener la campagne pour l’alliance centriste de Macron lors des élections législatives du mois prochain, bien qu’elle n’ait jamais été candidate à une quelconque fonction publique.

En tant que chef de l’État, Macron n’est pas censé mener la campagne aux élections législatives. Il a déjà, en effet, fait campagne en semi-public, repoussant les limites des conventions.

Maintenant qu’il a enfin nommé un Premier ministre, Borne devrait être l’une des principales voix et visages de la campagne. On s’attendra également à ce qu’elle soude, ou du moins colle-plâtre, ensemble les sept factions différentes dansEnsemble!la fédération des partis favorables à Macron.

Borne était l’un des premiers choix de Macron pour le poste de Premier ministre juste après sa victoire à l’élection présidentielle il y a trois semaines. Elle a été mise à l’écart pendant que Macron examinait d’autres possibilités, précisément parce qu’elle était considérée comme manquant d’expérience, de charisme et de capacité à parler en public pour mener la campagne parlementaire.

À la fin de la semaine dernière, a-t-on rapporté de manière fiable, Macron avait opté pour un autre choix : Catherine Vautrin, ancienne ministre de centre droit et présidente de la grande agglomération de Reims en Lorraine. Plusieurs barons de Macron s’y sont opposés.

Ils ont souligné que Vautrin avait été un opposant virulent à la légalisation du mariage homosexuel en 2012-4. Sa nomination au poste de Premier ministre, alors que Macron avait besoin d’attirer le vote de la gauche jeune et modérée, serait malheureuse, ont-ils déclaré.

Macron a cédé. Il est revenu à son choix d’origine, la fiable Elisabeth Borne.

Bien qu’atypique (parce qu’elle est une femme), Borne est à bien des égards un membre typique de la classe dirigeante française. Elle est allée à une Grande Ecole (foyer d’élite de l’enseignement supérieur). Elle a travaillé dans les cabinets privés de hauts responsables politiques socialistes tels que Lionel Jospin, François Hollande et Ségolène Royal.

Elle était le préfet (haut représentant du gouvernement national) de Poitou-Charente. Elle était à la tête du service du métro et des bus parisiens, la RATP.

Macron a présenté un CV impossible pour son troisième Premier ministre. Elle doit être une femme. Elle doit avoir une connaissance des questions environnementales et sociales. Elle doit avoir une base régionale forte et une expérience politique.

Elisabeth Borne remplit parfaitement les trois premières conditions. Elle vient loin des points quatre ou cinq.

À certains égards, son choix pour le poste de Premier ministre est la preuve de ce que beaucoup ont souligné comme étant la grande faiblesse des années Macron : son incapacité à construire un mouvement politique de base et à encourager l’émergence de sous-chefs sous le chef suprême.

Auparavant, les premiers ministres français (pas toujours mais souvent) étaient les lieutenants évidents au sein de la famille politique du président. Maintenant que les familles politiques sont dysfonctionnelles et que les partis existent à peine, presque tout le monde, semble-t-il, peut avoir son moment warhoilien à l’Hôtel Matignon, le numéro dix de Downing Street en France.

Jean Castex a été sorti de la quasi-obscurité pour être le deuxième Premier ministre de Macron en juillet 2020 – et il en a fait un assez bon poing. En choisissant Elisabeth Borne, Macron a opté pour une femme Castex.

Son travail est d’être impressionnante mais pas si impressionnante qu’elle éclipse Macron (comme Edouard Philippe, le premier Premier ministre de Macron avait menacé de le faire).

Elle doit être ambitieuse pour réussir mais pas ambitieuse pour elle-même.

Elle doit apprendre à être politicienne tout en occupant déjà le deuxième poste le plus important de la politique française. Elle est candidate au parlement dans « ma » circonscription, la 6e s.l’irconscription du Calvados en Normandie.

En termes purement électoraux, Elisabeth Borne est un choix risqué. Néanmoins, malgré son inexpérience et malgré l’humeur agitée du pays, je m’attends à ce qu’elle « mène » l’alliance parlementaire Macron à la victoire les 12 et 19 juin.

Pour des raisons que j’ai déjà expliquées ici, je pense que l’alliance de gauche de Jean-Luc Mélenchon s’en sortira raisonnablement bien mais n’a aucune chance de remporter la majorité des 577 sièges à l’Assemblée nationale.

Un débat télévisé – s’il y en a un – entre l’histrionique Mélenchon et le discret Borne sera une chose à voir.