Une fusillade mortelle intensifie les projecteurs sur les violences policières en France

Photo de BERTRAND GUAY / AFP

La police a tué un passager dans une voiture dans le nord de Paris samedi après que le véhicule ne s’est pas arrêté lorsqu’il a été convoqué par des agents, puis aurait conduit vers eux à grande vitesse.

La fusillade de samedi est survenue une semaine seulement après que la police a été largement condamnée pour sa conduite lors de la finale de la Ligue des champions à Paris, où les forces de sécurité ont gazé les supporters et n’ont pas réussi à arrêter la criminalité de rue par les jeunes locaux.

Des images de passagers gazés à l’extérieur d’une gare parisienne au cours du week-end après l’annulation des services ferroviaires ont également alimenté des questions sur leurs méthodes.

Le débat est désormais entré dans le discours politique en vue des élections législatives des 12 et 19 juin.

“Si vous votez pour moi, je changerai la doctrine régissant l’usage de la force par la police dans notre pays”, a déclaré mardi Jean-Luc Mélenchon, chef de file de l’alliance de gauche Nupes, à la radio France Inter.

“Ce n’est pas normal qu’on tue quelqu’un pour ne pas s’être arrêté”, a-t-il ajouté, précisant que quatre personnes étaient mortes dans de telles circonstances en quatre mois.

“La police tue”, a-t-il tweeté samedi, suscitant la condamnation d’hommes politiques rivaux et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Les trois officiers impliqués dans la fusillade de samedi ont déclaré avoir ouvert le feu sur la voiture en état de légitime défense et leur avocat affirme qu’il existe des preuves vidéo pour les étayer.

Le conducteur de 38 ans, qui a été hospitalisé pour une blessure à la gorge, a un casier judiciaire chargé et n’a pas de permis de conduire, a rapporté le journal Le Parisien.

Une femme assise sur le siège avant a été touchée à la tête par l’un des “huit ou neuf coups de feu” tirés dans le 18e arrondissement de la capitale.

L’usage de la force par la police française est une question politique qui divise en France, Melenchon et d’autres membres de gauche critiquant fréquemment les forces de sécurité.

Darmanin a déclaré lundi que la police “mérite le respect” et que “les insulter déshonore ceux qui veulent gouverner”.

La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen a déclaré mardi que Mélenchon “est toujours du côté des voyous, des criminels. Il n’est jamais du côté des forces de sécurité.

“Ce n’est pas parce que quelqu’un est mort que la police a fait quelque chose qui est critiquable”, a-t-elle déclaré à franceinfo, ajoutant que la police avait le droit de se défendre.

Le meurtre de policiers par des djihadistes ainsi que par des trafiquants de drogue présumés ces dernières années a suscité la sympathie du public pour leur sort.

Une policière a été tuée dans le sud-ouest de la France en juillet 2020 lorsqu’une voiture a refusé de s’arrêter et a franchi un poste de contrôle, provoquant un tollé à l’époque.

Les syndicats de police se plaignent également des bas salaires des agents et des conditions de travail difficiles, en particulier dans les banlieues populaires où l’hostilité à leur égard est profondément enracinée.

La campagne avant le vote de dimanche devrait s’intensifier cette semaine, Macron effectuant plusieurs voyages à travers le pays pour apporter son soutien à sa coalition centriste Ensemble (Ensemble).

Les sondages suggèrent qu’Ensemble est sur la bonne voie pour une faible majorité, mais les résultats sont considérés comme difficiles à prévoir car l’abstention devrait atteindre des niveaux record d’environ 50 %.

Mélenchon et l’alliance Nupes – qui regroupe son parti d’extrême gauche la France Insoumise, les socialistes, les verts et les communistes – espèrent bloquer Macron nouvellement réélu en remportant la majorité.

Les premiers résultats — pour 11 circonscriptions représentatives des Français de l’outre-mer — ont été publiés lundi.

Après un premier tour de scrutin ce week-end, ils ont montré que les candidats de Macron terminaient en tête dans huit des 11 comme prévu, mais que les candidats du Nupes réalisaient des gains importants par rapport aux derniers sondages de 2017.

Le parti La République en marche (LREM) de Macron et ses alliés ont intensifié leurs attaques contre Melenchon ces derniers jours, ce que les analystes considèrent comme un signe de nervosité.

Le député (et ancien ministre de l’Intérieur) Christophe Castaner a déclaré que l’ancien trotskyste avait promis une “révolution soviétique”, tandis que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire l’a qualifié de “Chavez français” en référence au défunt dirigeant vénézuélien Hugo Chavez.

Melenchon promet d’abaisser l’âge de la retraite à 60 ans, d’introduire des impôts sur la fortune des entreprises et des hauts revenus et d’augmenter le salaire minimum d’environ 15 %.

Macron a besoin d’une majorité parlementaire pour faire passer son programme national de réductions d’impôts, de réforme de la protection sociale et de relèvement de l’âge de la retraite.

L’homme de 44 ans a battu Le Pen au second tour de l’élection présidentielle du 24 avril, remportant un deuxième mandat de cinq ans.