Le Conseil de l’Europe, organe paneuropéen des droits de l’homme, a retiré une campagne promouvant la diversité des femmes et leur liberté de porter le voile musulman, après qu’elle ait suscité un tollé en France, pays farouchement laïc.

La campagne en ligne, cofinancée par l’Union européenne, a été lancée la semaine dernière à Strasbourg – mais a touché une corde sensible en France, notamment parmi les politiciens de droite.

Les images tweetées montraient les portraits de deux jeunes femmes souriantes épissées en deux et fusionnées ensemble pour montrer l’une avec les cheveux découverts et l’autre portant le hijab. “La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab”, disait l’un des slogans. “Comme ce serait ennuyeux si tout le monde se ressemblait ? Célébrez la diversité et respectez le hijab”, ajoutait-on.

La campagne a été saisie par les candidats d’extrême droite anti-immigration en France qui cherchent à déloger le président Emmanuel Macron lors du vote de l’année prochaine, et qui s’opposent farouchement au port du hijab en public.

“L’islam est l’ennemi de la liberté. Cette campagne est l’ennemi de la vérité”, a tweeté le commentateur d’extrême droite et candidat potentiel à la présidence Eric Zemmour.

“Cette campagne européenne de promotion du voile islamiste est scandaleuse et indécente à l’heure où des millions de femmes luttent courageusement contre cet asservissement”, a ajouté la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen.

Dans un pays où la laïcité est la pierre angulaire des valeurs nationales, le tollé a dépassé l’extrême droite.

La chef de la région parisienne Valérie Pecresse, une possible prétendante de la droite traditionnelle contre Macron, a déclaré qu’elle était “étonnée” par la campagne et a ajouté que le hijab n’était “pas un symbole de liberté mais de soumission”.

L’ancien négociateur de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, qui brigue également l’investiture de la droite pour la présidentielle, a ajouté : “J’aurais voulu que les personnes qui ont eu la mauvaise idée de cette campagne demandent aux femmes de Kaboul (gouvernée par les talibans) qui se battent précisément de ne pas porter ce voile.”

Le port du hijab (le foulard musulman) est légal en France mais n’est pas autorisé dans certains espaces publics, notamment les écoles et les administrations. Le voile musulman intégral est interdit dans tous les espaces.

Le gouvernement de M. Macron est également intervenu, en déclarant qu’il avait demandé au Conseil de l’Europe de retirer la campagne. La France est l’un des 47 États membres du Conseil, qui est le gardien de la Convention européenne des droits de l’homme.

“J’ai été profondément choquée”, a déclaré la ministre française de la jeunesse Sarah El Hairy à LCI TV. “C’est le contraire des valeurs que la France défend, c’est la promotion du port du hijab”.

“C’est condamnable et c’est pour cela que la France a exprimé clairement sa très forte désapprobation et donc la campagne est retirée à partir d’aujourd’hui”, a-t-elle déclaré mardi, confirmant que Paris a déposé une protestation officielle par voie diplomatique.

“Nous avons retiré ces messages sur Twitter pendant que nous réfléchissons à une meilleure présentation de ce projet”, a déclaré à l’AFP un porte-parole du Conseil de l’Europe.

“Les tweets reflétaient des déclarations faites par des participants individuels à l’un des ateliers du projet, et ne représentent pas les vues du Conseil de l’Europe ou de son Secrétaire général”, a ajouté Marija Pejcinovic Buric.

Le Conseil n’a pas confirmé que le retrait de la campagne était le résultat direct de la pression française.