Le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov a été arrêté en 2017 pour des accusations de détournement de fonds, selon lui inventées de toutes pièces.

Le réalisateur russe Kirill Serebrennikov a été arrêté en 2017 pour ce qu’il a dit être des accusations forgées de toutes pièces de détournement de fonds. Maintenant, il a été invité à ouvrir un festival de théâtre français. (Photo de MORRIS MAC MATZEN / AFP)

Le célèbre metteur en scène russe Kirill Serebrennikov, actuellement interdit de quitter son pays, a été choisi pour ouvrir l’un des principaux festivals de théâtre d’Europe à Avignon, ont annoncé jeudi ses organisateurs.

“Nous ne savons pas pour l’instant s’il sera présent à Avignon. Nous le souhaitons vivement, bien sûr”, a déclaré à l’AFP Olivier Py, directeur du festival.

Il a précisé que la programmation de la nouvelle pièce de Serebrennikov “Le Moine noir” au Festival d’Avignon (7-26 juillet) a été fixée il y a deux ans, “bien avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie”.

Serebrennikov, 52 ans, a été condamné en 2020 pour avoir détourné des fonds du théâtre du Centre Gogol de Moscou, dont il était le directeur artistique.

Il a qualifié les accusations d'”absurdes” et ses partisans affirment qu’il a été puni pour avoir soutenu les droits des LGBT+ et des productions qui critiquaient l’autoritarisme et l’homophobie, et qui comportaient souvent de la nudité et un langage obscène.

Py a déclaré qu’il n’y avait aucune hésitation à maintenir le créneau de la soirée d’ouverture d’Avignon pour Serebrennikov – “un artiste majeur que nous voulons depuis longtemps”.

Il a ajouté qu’ils envoyaient “un signe clair” en ouvrant avec un metteur en scène russe et en clôturant avec des danseurs ukrainiens dans un spectacle de Py lui-même aux côtés de la chanteuse Angélique Kidjo.

Ma patrie

Serebrennikov a été détenu pour la première fois en 2017 et placé en résidence surveillée sans téléphone ni accès à Internet, accusé d’avoir volé plus de 2 millions de dollars de fonds publics alloués à son théâtre.

Il a été libéré en avril 2019, mais on lui a dit qu’il ne pourrait pas quitter le pays avant 2023.

Il a été condamné à trois ans de prison avec sursis en juin 2020 et a été licencié peu après du Centre Gogol, qu’il avait transformé en phare culturel.

Cependant, en janvier, il a été autorisé à se rendre à Hambourg, en Allemagne, pour une représentation préliminaire de sa nouvelle pièce, qui est une adaptation d’une nouvelle d’Anton Tchekhov.

Il a déclaré à l’AFP à l’époque qu’il n’avait “aucune idée” de la raison pour laquelle les autorités l’avaient laissé partir, puisqu’elles avaient bloqué les demandes précédentes.

Il n’a pas pu se rendre à Cannes l’année dernière alors que son dernier film “La grippe de Petrov” était en compétition pour la Palme d’Or.

L’une des stars du film, Chulpan Khamatova, a récemment annoncé qu’elle était en exil en Lettonie après avoir critiqué la guerre en Ukraine.

Serebrennikov a continué à travailler pendant son assignation à résidence, recevant par l’intermédiaire de son avocat des disques durs USB contenant des vidéos de répétitions et de spectacles.

C’est ainsi qu’il a pu monter sa pièce ” Outside ” à Avignon en 2019.

Malgré ses problèmes, il s’est juré de ne pas quitter la Russie.

“C’est ma patrie”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Je suis un citoyen de la culture… Je l’aime beaucoup. J’ai beaucoup d’amis en Russie. Mes rêves sont toujours en Russie.”