Un Français a évité 400 millions d'euros d'impôts en Suisse

Pierre Castel, entrepreneur dans le secteur des boissons et dirigeant du Groupe Castel. Photo de GEORGES GOBET / AFP

Un tribunal suisse a prononcé la sanction, estimant que le milliardaire français de 95 ans, à l’origine de l’empire mondial des boissons du groupe Castel – qui possède notamment la chaîne de cavistes Nicolas – avait falsifié ses déclarations fiscales.

La décision du tribunal de Genève, rendue le 5 juillet et consultée par l’AFP cette semaine, a établi que Castel avait réussi à dissimuler des parties importantes de sa fortune. Il l’a condamné à payer 410 millions de francs suisses (420 millions d’euros) d’arriérés d’impôts.

Gregory Clerc, l’avocat de Castel, a déclaré jeudi à l’AFP qu’un appel avait été déposé auprès de la plus haute juridiction suisse.

M. Castel a quitté la France pour la Suisse en 1981, lorsque François Mitterrand, un homme de gauche, a été élu président de la République.

Il a échappé au radar des autorités fiscales car il s’est enregistré sous son prénom Jésus au lieu du très connu Pierre, selon le blog d’investigation suisse Gotham City.

Tout en continuant à engranger les bénéfices du groupe à l’origine de l’omniprésente chaîne de magasins de vin Nicolas en France, cette manœuvre “lui a permis d’échapper à l’attention des autorités fiscales pendant 30 ans”, rapporte le blog.

Mais son avocat Clerc a fait valoir : “M. Castel a rempli toutes les formalités administratives sans exception en indiquant son nom complet, y compris ses noms de naissance, dès son arrivée en Suisse.

“Il n’a jamais utilisé de pseudonyme ou autre identité”.

Castel se faisait appeler Pierre depuis qu’il était “très, très jeune”, pour éviter les stigmates d’un nom espagnol à une époque où “il était mal vu… d’être fils d’immigré”.

La Cour d’appel a déclaré que les autorités fiscales étaient devenues suspicieuses après avoir découvert que la fortune déclarée de Castel était bien inférieure à celle qui lui était attribuée dans les médias.

Le magazine suisse Bilan l’a classé comme la 11ème personne la plus riche de Suisse ; l’hebdomadaire économique français Challenges a déclaré qu’il avait la 10ème plus grande fortune de France, estimée à 13,5 milliards d’euros.

Le jugement de Genève a mis en évidence la structure complexe de la fortune de Castel, répartie entre des avoirs à Gibraltar, une fondation au Liechtenstein et un trust à Singapour.

Castel avait fait valoir qu’il s’agissait d’assurer l’indépendance et la pérennité du groupe et d’éviter les conflits au sein de la famille.

Tout en reconnaissant qu’il avait “omis de déclarer certains éléments de revenus”, ses avocats ont fait valoir que cela était dû en partie à son approche “old school” des affaires, qu’il menait par le biais d’accords oraux et de poignées de main.