Une survivante du Bataclan dont le chirurgien a tenté de vendre aux enchères sur Internet une radiographie de ses blessures est “extrêmement choquée” par “l’approche mercenaire” et le “mépris” du médecin, a déclaré son avocat lundi.
Il a été révélé ce week-end qu’Emmanuel Masmejean a tenté de vendre aux enchères une radiographie d’une survivante du Bataclan qu’il avait opérée – qui montre un avant-bras transpercé par une balle de Kalachnikov – en tant que jeton non fongible (TNF) sur OpenSea, un site internet spécialisé dans la vente d’objets numériques.
“Le médecin, non content de violer le secret médical de cette patiente, a jugé bon de décrire sur le site d’enchères en ligne la vie privée de cette jeune femme, la rendant ainsi parfaitement identifiable”, écrit Elodie Abraham à propos de sa cliente, qui souhaite rester anonyme.
Masmejean, chirurgien orthopédique réputé de l’hôpital Georges Pompidou à Paris, ne semble pas avoir “pris la mesure de l’acte puisqu’il n’a pas hésité à contacter la victime dimanche pour se justifier sans manifester le moindre regret ni la moindre empathie à son égard”, ajoute Elodie Abraham.
Le chirurgien risque désormais des sanctions disciplinaires ainsi que des poursuites judiciaires après que le directeur de l’AP-HP Martin Hirsch a annoncé samedi que les hôpitaux parisiens allaient porter l’affaire devant la justice, dénonçant la vente aux enchères comme un “acte scandaleux”.
‘Cette jeune patiente, qui a perdu son compagnon dans l’attentat…’
“La victime a confiance que les institutions et autorités compétentes prendront toutes les mesures disciplinaires et pénales nécessaires pour que de tels actes ne soient plus possibles à l’avenir”, a déclaré l’avocat de la jeune femme.
Elle se réserve également “la liberté de se joindre à cette procédure, afin que l’exemplarité des sanctions soit à la hauteur de la gravité de l’infraction et du mépris dont a fait preuve ce médecin”.
Selon Mediapart, la radiographie a été mise en vente pour la somme de 2.776 dollars (2.453 euros).
Sous la photo figurant sur le site, le chirurgien a déclaré que “cette jeune patiente, qui a perdu son petit ami dans l’attaque, avait une fracture ouverte de l’avant-bras gauche avec une balle de Kalachnikov restante dans les tissus mous.
Masmejean a reconnu les faits au site d’investigation, expliquant qu’il l’avait fait “à des fins pédagogiques” et a depuis retiré son offre.
Affirmant s’être “posé la question d’un point de vue éthique”, il a reconnu “l’erreur” de ne pas avoir demandé l’autorisation du patient pour l’opération.
“Life for Paris” et Fraternité et Vérité – deux associations représentant les victimes du 13 novembre – ont également dénoncé “la bêtise et la cupidité” du médecin, mais ont estimé que “l’acte odieux” restait “isolé et non représentatif” du travail des professionnels de santé.
Le procès des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015 s’est ouvert en septembre et doit se poursuivre jusqu’en mai.
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