La télévision d'Etat iranienne diffuse les

Une manifestation à Paris en soutien aux femmes qui protestent en Iran. Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Cécile Kohler, responsable du syndicat des enseignants français, et son compagnon Jacques Paris sont détenus en Iran depuis le 7 mai. Ils sont accusés d’avoir cherché à provoquer des troubles sociaux lors des grèves des enseignants au début de l’année.

La publication de leurs aveux présumés intervient alors que l’Iran est aux prises avec une nouvelle vague de protestations de femmes qui a éclaté le 16 septembre après la mort en détention de Mahsa Amini.

Cette Kurde iranienne de 22 ans est décédée après avoir été détenue pour avoir prétendument enfreint les règles strictes du pays sur la façon dont les femmes doivent s’habiller.

L’Iran avait annoncé le 11 mai l’arrestation de deux Européens “qui sont entrés dans le pays dans le but de déclencher le chaos et de déstabiliser la société”.

La France a condamné ces arrestations comme étant “sans fondement” et a appelé à leur libération immédiate.

L’Iran a déclaré plus tard qu’il avait arrêté deux ressortissants français qui étaient entrés dans le pays avec des visas de tourisme.

Ces deux personnes sont “accusées d’association et de collusion dans le but de porter atteinte à la sécurité du pays”, a déclaré en juillet le porte-parole du pouvoir judiciaire, Massoud Setayeshi.

Une source syndicale française les a ensuite identifiés comme étant Cécile Kohler, d’un syndicat d’enseignants, et son mari Jacques Paris, disant qu’ils avaient voyagé en Iran pour leurs vacances de Pâques.

Dans une vidéo diffusée jeudi, on entend une femme parlant français et se réclamant de Kohler dire qu’elle est un “agent de la DGSE”, le service de renseignement français.

Dans l’enregistrement diffusé sur la chaîne arabophone Al-Alam, elle affirme que le couple était en Iran “pour préparer les conditions de la révolution et du renversement du régime islamiste iranien”.

Elle a déclaré qu’ils avaient prévu de financer des grèves et des manifestations et même d’utiliser des armes “pour lutter contre la police”.

Selon Jacques Paris, qui apparaît également dans la vidéo, les objectifs de la DGSE “étaient de faire pression sur le gouvernement iranien”.

Kohler et Paris sont parmi les derniers citoyens occidentaux à être détenus en Iran, dans le cadre de ce que les activistes considèrent comme une politique délibérée visant à obtenir des concessions de la part de l’Occident – des accusations rejetées par Téhéran.

Les groupes de défense des droits basés en dehors de l’Iran ont à plusieurs reprises accusé la République islamique d’extorquer des “aveux” aux étrangers détenus et aux militants iraniens sous la contrainte, puis de les diffuser sur les médias d’État comme outil de propagande.

Un rapport de 2020 de la Fédération internationale des droits de l’homme, basée à Paris, et de son organisation membre Justice for Iran, a déclaré que les médias d’État iraniens avaient diffusé plus de 350 de ces confessions en l’espace d’une décennie.

Le rapport indique que ces “aveux” ont été “systématiquement diffusés” par les médias d’État iraniens “pour susciter la peur et réprimer la dissidence” et que les victimes ont été “soumises à la torture et aux mauvais traitements”.

La diffusion de jeudi intervient dans un contexte de répression du plus récent mouvement de protestation au cours duquel les forces de sécurité ont également arrêté neuf étrangers – dont des Français, des Allemands, des Italiens, des Néerlandais et des Polonais.

L’autorité judiciaire iranienne a publié en octobre 2020 une ordonnance interdisant la torture, le recours aux “aveux forcés”, l’isolement cellulaire, la garde à vue illégale et d’autres violations des droits des accusés.

Cette décision est intervenue une semaine après la controverse suscitée par des vidéos publiées sur les médias sociaux montrant des policiers en train de battre des détenus dans des camionnettes au milieu d’une rue.

Plus de 20 Occidentaux, dont la plupart ont la double nationalité, sont détenus ou empêchés de quitter l’Iran.

Parmi eux, la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, allégations que sa famille a fermement démenties.

Un autre citoyen français, Benjamin Briere, a été arrêté en mai 2020 et plus tard condamné à huit ans et huit mois de prison pour espionnage, des accusations qu’il rejette.

Le citoyen américain Baquer Namazi, qui avait purgé une peine de prison pour espionnage, a quitté l’Iran mercredi, a annoncé le secrétaire d’État Antony Blinken.